LA PEUR DE L’AUTRE

RENGAINE, de Rachid Djaidani – 1h15

Avec Stéphane Soo Mongo, Sabrina Hamida

Sortie : mercredi 14 novembre 2012

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Quezako ?

A Paris. Un jeune noir chrétien veut épouser Sabrina, une maghrébine. Tout serait simple si Sabrina n’avait pas quarante frères et que cette union ne vienneréveiller le tabou ancré dans les mentalités des deux communautés : pas question de voir un mariage entre Noirs et Arabes.

Et alors ?

Quand on ne vient pas du sérail du cinéma, pas facile de se lancer dans un tel sujet, inhabituel au cinéma. Rachid Djaidani souligne : « Quand on ne vient pas du milieu du cinéma, on est immédiatement rembarré et on s’entend dire qu’on ne pas de légitimité pour tourner un film. C’est pour cette raison que j’ai voulu tout « défaire » : je n’ai donc pas écrit de scénarion et j’ai multiplié les ellipses au montage. En outre, je crois vraiment à l’improvisation : je repense à Peter Brook qui me disait toujours « viens avec tes mots. » Du coup, j’ai choisi de ne pas détacher les personnages de leur univers. Ils font partie d’un corps en mouvement dont la tête est Slimane, et c’est le pardon de Slimane qui va les porter vers la lumière. A mon avis, l’écriture est une malédiction et le cinéma une récréation. Il me permet d’être présent, là, tout de suite. D’ailleurs, je fonctionne en donnant des mots-clés aux acteurs, car j’aime la musicalité des mots. » Souvent rembarré, le cinéaste a tenu bon pour tourner ce récit qu’il connaît presque de l’intérieur : sa mère est soudanaise et son père algérien. Pendant neuf ans, il a tourné des centaines d’heures de rushes, travaillé des improvisations avec ses acteurs. Avec une ambition : tourner ce film comme « un uppercut« .

Le résultat est à : nerveux, rythmé, parfois trop saccadé avec ses plans qui collent aux visages, porté par  les travelling dans Paris, ce film raconte une histoire forte pour nous plonger au cœur d’un racisme, pas toujours celui le plus médiatisé. Un récit qui est porté par les deux principaux protagonistes, notamment Sabrina qui est la compagne du cinéaste et lui a, durant ces longues années de préparation, soufflé une idée de scénario : que son personnage ait quarante frères ! Bref, pour gagner sa liberté, le chemin n’en sera que plus difficile…

Un document brut totalement assumé par le cinéaste qui dit :  » J’ai toujours su que je ne savais pas faire de belles images, des images « léchées » ou esthétiques, car seule la vérité m’intéresse. » En tout cas, il sait faire partager ses vérités… et une énergie certaine.

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