VILLEGAS, de Gonzalo Tobal – 1h36
Avec Esteban Gigliardi, Esteban Lamothe, Mauricio Minetti
Sortie : mercredi 7 novembre 2012
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Autrefois inséparables, Esteban et Pipa, deux cousins , vont à l’enterrement de leur grand-père à Villegas, petit bourg argentin de leur enfance. Ils affrontent leur passé et vont devoir apprendre à grandir, entre tensions et complicité.
Ce qui touche dans cette histoire ?
Un regard sur le passage à l’âge adulte. Pour son premier long métrage, Gonzalo Tobal évoque ce changement de personnalités des deux cousins, provoqué par la mort du grand-père. Après trois jours de route et un court séjour à Villegas, Esteban et Pipa en sortent transformés. « Ce retour dans le village de leur enfance et les retrouvailles avec le reste de leur famille les confrontent inéluctablement à une perspective de changement et à la fatalité du temps qui passe. Capturer cette perception spirituelle et l’émotion qu’elle génère représentait pour moi un gros challenge » , souligne Gonzalo Tobal.
Symboles d’une génération urbaine, Esteban et Pipa expriment une perte certaine des racines et Gonzalo Tobal s’attache à filmer aussi l’univers rural de la pampa argentine d’ordinaire absent de ce cinéma. A cet égard, la séquence où Esteban Lamothe apprend à manipuler un gros tracteur sur les conseils d’un paysan de la famille est très significative. Tout comme celle, fort réussi cinématographiquement, où les deux cousins se retrouvent pour chanter une samba, une fois les tensions apaisées, dans le silo à maïs.
Même si le film tire parfois sur la longueur, s’attarde un peu trop sur les silences, ce récit a le mérite de nous toucher par la sensibilité avec laquelle le cinéaste aborde cette bascule d’une adolescence attardée au monde des adultes. Même si Pipo reste, jusqu’à la dernière image, un homme qui reste en rébellion contre son milieu d’origine, capable d’improviser sa vie.Une bande son mélancolique. Gonzalo Tobal utilise avec finesse la musique pour accompagner les retrouvailles et les déchirements des deux cousins. Une complainte de Marlène Dietrich écoutée sur un vieux phono suffit à faire plonger Pipa dans un passé lointain alors qu’il vient de refuser les avances de sa cousine, toujours éprise de lui. « Les deux personnages sont ou aimeraient devenir musiciens. Leur passé, leur relation sont emprunts de musique et c’est au travers de la musique qu’ils se retrouvent. D’un côté, le leitmotiv musical de ce road movie fait que le voyage va de l’avant. La musique contribue également au ton qui est en même temps épique et nostalgique », note le cinéaste.
Signant une histoire sur des mecs de sa génération, Gonzalo Tobal montre par petites touches comme grandir est inéluctable. Il ajoute aussi que « nos racines sont ancrées au plus profond de nous et que chacun doit trouver les moyens de les assumer« . Une histoire attachante qui tient aussi sur le duo solide et naturel des deux comédiens principaux. A découvrir donc.
