INTO THE ABYSS, A TALE OF DEATH, A TALE OF LIFE, de Werner Herzog – 1h35
Documentaire
Sortie : mercredi 24 octobre 2012
Je vote : 4 sur 5
L’histoire ?
Le 1er juillet 2010, Werner Herzog interviewe Michael Perry aux États-Unis, huit jours avant son exécution. Dix ans auparavant, il avait tué avec un complice une femme, son fils et son ami pour voler une voiture. Suite à cette rencontre, Herzog retourne sur les lieux du crime au Texas pour raconter cette histoire…
Deux raisons d’aller voir ce film ?
La force de ce documentaire, c’est qu’il n’est ni un plaidoyer contre la peine de mort -même si Herzog ne masque pas ses opinions- ni un film à charge. Fasciné par l’abîme des âmes dans tous ces films, le cinéaste ne change pas de cap quand il ausculte la réalité. Revenant sur le lieux du crime, interviewant tous les témoins -du simple policier à Lisa Stotler, fille de la victime- il offre une réflexion sur un monde chaotique et cette Amérique décrite par Truman Capote où les hommes cherchent, malgré tout, à trouver du sens à la vie. Se faisant, il pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses même si filmer comme il le fait est déjà une forme d’engagement. C’est le témoignage bouleversant en ouverture du pasteur Richard Lopez qui a accompagné bien des condamnés à mort par injection létale dans la maison d’arrêt de Hunstville au Texas, devant le parterre où
de simples croix de béton signalent la sépulture des anciens exécutés. C’est encore celui de Lisa Stotler qui décrit sa famille comme un champ de ruines, marquée par bien d’autres drames que l’assassinat sordide de sa mère et de son frère.
Plongeant dans une Amérique profonde, montrant la cohabitation entre les lotissements en apparence sécurisées et les mobil-home des laissés pour compte, Werner Herzog signe un documentaire à la construction implacable. Où, sans effets de manche, il filme la réalité… jusqu’à l’os. A cet égard, le témoignage de Fred Allen, ancien capitaine de la « Tie Down Team », l’équipe qui attache les condamnés à mort à la table de mort, et qui raconte comment il a craqué après avoir accompagné 125 condamnés est d’une rare puissance. Un film qui touche par sa profondeur et où Herzog ose dire au condamné qui lui fait face dans sa cage de Plexiglas : « Le destin vous a distribué un très mauvais jeu de cartes, ce qui ne vous exonère pas de vos crimes et ne signifie pas non plus nécessairement que je doive vous apprécier. »
TRAVELLINGUE 