SOUS LA VILLE, d’Agnieszka Holland – 2h25
Avec Robert Wieckiewicz, Benno Fürmann, Agnieszka Grochowska, Maria Schrader
Sortie : mercredi 10 octobre 2012
Je vote : 3 sur 5
Le sujet ?
A Lvov en Pologne. En 1944 les nazis ordonnent l’épuration du ghetto. Certains juifs font un tunnel sous leur maison pour rejoindre les égouts de la ville et tenter de survive. Ils croisent un égoutier devenu contrebandier. Il accepte de se taire et de cacher onze de ces fugitifs moyennant une dîme quotidienne. Mais petit à petit, l’homme met sa vie en danger afin de protéger « ses juifs ».
Et alors ?
En s’inspirant d’une histoire réelle mais méconnue, Agnieszka Holland signe un film fort sur la Shoah et la domination nazie. Pour ce faire, elle ne joue pas les prudes et signe des scènes d’un réalisme très fort, qui commence dès la première séquence où des femmes juives courent nues dans les bois avant d’être abattues comme des animaux par les soldats du Reich. Sur et sous terre, elle parvient à décrire un climat oppressant en diable où la survie est une question de chance. Il n’y a pas de héros dans cette histoire sauf des hommes et des femmes qui veulent sauver leur peau, et apparaissent avec leur faiblesse, et même leur égoïsme. C’est ce qui donne toute la force à la peinture d’un de ces évènements .
Pour avoir plus de retombées commerciales, la cinéaste aurait pu choisir l’anglais. Pour plus de fidélité à l’époque, elle a tourné en allemand, yiddish et en polonais, y compris en argot, ce qui donne une indéniable force à ce film qui ne cède à aucune facilité pour dénoncer ce drame. Tous les comédiens, Robert Wieckiewicz en tête dans la peau du Juste, sont très convaincants pour incarner ce que la cinéaste nomme « des gens normaux. » Au film du film, ils parviennent à banaliser une vie extraordinaire.
Par sa mise en scène, même si certains rebondissements auraient pu disparaître pour donner plus de densité au récit, la cinéaste parvient à nous faire ressentir l’atmosphère souterraine, sombre et oppressante de l’existence dans les égouts de la ville où le moindre bruit peut annoncer un danger. Et où, malgré tout, la vie continue. Une description forte d’évènements qui, selon les mots d’Agnieszaka Holland, « furent un tournant dans l’histoire de l’humanité.«
