REALITY, de Matteo Garrone – 1h56
Avec Aniello Arena, Loredana Simioli
Sortie : mercredi 2 octobre 2012
Je vote : 4 sur 5
Quezako ? Luciano est un chef de famille hâbleur et exubérant qui exerce ses talents de bonimenteur et de comique devant les clients de sa poissonnerie et sa nombreuse tribu au cœur de Naples. Poussé par ses enfants, il participe au casting de la plus célèbre émission de téléréalité italienne. C’est une cassure dans sa vie : désormais, plus rien ne compte pour lui ! Ni sa famille, ni ses amis, ni son travail ni l’arnaque conçue par son épouse pour mettre du beurre dans les épinards.
2 raisons d’aller voir ce film ?
Découvrir un comédien au parcours singulier. Né à Naples en 1968, Aniello Arena a fait ses débuts de comédien en 2001 à la Maison d’Arrêt de Volterra dans la Compagnie de la Forteresse, dirigée par le metteur en scène Armando Punzo. Il promène son regard d’une incroyable candeur sur le monde factice de la téléréalité que son personnage découvre. Matteo Garrone souligne : « Pour lui, qui avait passé les vingt dernières années en prison, tout ce qu’il voyait, tout ce que je lui faisais vivre était réellement une découverte. Ainsi dans ses yeux, à son arrivée à Cinecittà, se lit une immense surprise. Et cette surprise, je peux vous l’assurer, n’est pas feinte, n’est pas jouée. Anniello Arena a entrepris le voyage dont je parlais avec le cœur et les yeux ouverts, avec la curiosité d’un explorateur. Je lui dois beaucoup d’avoir su exprimer tout ce qu’il ressentait et d’avoir offert ses sentiments, ses sensations les plus intimes à son personnage. »
Apprécier une mise en scène solide. Grand Prix au dernier Festival de Cannes, Reality prouve que Matteo Garrone sait changer de registre après Gomorra en 2008. Restant fidèle à Naples, il signe une fable réjouissante sur les dérives de la téléréalité qui gangrène la société en Italie comme en France. Miroir aux alouettes des crédules, ce genre télévisé agit comme une drogue douce, lancinante, comme le montre bien l’aventure de Luciano. Il y a le sujet, il y aussi la mise en scène enlevée, marquée par la très belle séquence de mariage du début qui plonge le spectateur dans une fête baroque que n’aurait pas désavouée un Fellini. Si la deuxième partie du film s’essouffle un peu, notamment quand Luciano pénètre dans le studio de l’émission qui le fascine (on se demande comment il y a si peu de gardes), cette critique de la médiatisation parvient à faire de la télévision un vrai objet de cinéma. La raconte sans l’imiter. Un joli défi qui mérite d’être découvert cette semaine.
