L‘ALGERIE À L’ÉPREUVE DU POUVOIR
Documentaire d’Hervé Bourges et Jérôme Sesquin
Diffusion : dimanche 30 septembre et 7 octobre, 22h00 sur France 5
Mon avis : 3 sur 4
Le sujet ? Ce film retrace cinquante ans d’indépendance de la république algérienne depuis 1962 à travers des documents d’archives souvent inédites et le témoignages de personnalités politiques de premier plan. Une plongée dans une histoire tumultueuse.
Les raisons de découvrir ce doc ?
Un auteur qui a vécu cette histoire de près. Au lendemain des accords d’Evian, Hervé Bourges, rédacteur en chef de Témoignage chrétien et militant anticolonialiste qui dénonçait la guerre d’Algérie, a rejoint la jeune république à la demande du président Ben Bella comme d’autres pieds-rouges. Il a séjourné jusqu’en décembre 1966 dans le pays où il retournera à plusieurs reprises. Il a donc nourri ce document historique de contacts privilégiés.
Un regard distancié. Dans cette histoire très riche, il prend du recul pour ne pas être suspecté d’une vision très personnelle de l’Algérie indépendante. Bien des témoins parlent sans vrais tabous : de la militante Zohra Drif, la veuve de Houari Boumedienne, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi ou encore Ahmed Ben Bella, figure historique du FLN, président de la République (1963-1965) qui donne ici sa dernière interview avant sa mort… Hervé Bourges souligne : « Aucun film n’avait encore été tourné sur cette période. Mon ambition a été de m’inscrire dans une première démarche historique et patrimoniale avec l’intention de montrer, raconter, interroger, confronter, en m’interdisant de juger. Il m’a semblé intéressant de permettre aux jeunes générations, en Algérie et en France, de mieux appréhender cette page d’histoire, marquée par tant de bouleversements.«

Ainsi, à l’automne de sa vie, Ahmed Ben Bella, 96 ans, reconnaît que si l’Algérie indépendante avait rêvé d’une démocratie, elle a vécu de vraies périodes de dictature. Un ancien ministre note dans une formule imagée que, sous le régime de Boumédienne, le pays est passé des « béni-oui-oui » aux béni-garde-à-vous » Et même si l’Algérie actuelle est enfin sortie des périodes de terreur, elle n’a pas connu la vague de ce printemps arabe qui a balayé les pays voisins. Même si on aurait voulu en savoir encore plus – du massacre des harkis aux difficultés économiques d’un pays qui vit sur ses richesses pétrolières et est victime d’un marché noir très important en passant par la crise d’identité de la jeunesse actuelle- ce film a le mérite d’offrir un coup de projecteur passionnant sur toute une page d’histoire mal connue.
Infos +
L’occasion m’est donnée d’évoquer un livre de témoignages dont je suis l’auteur : L’Exode des pieds-noirs (Ed. Michel de Maule). Huit personnalités – d’Enrico Macias à Jean Benguigui en passant par Eric Giuily, ancien directeur général de France 2 ou encore Daniel Saint-Hamont- y racontent leur départ de ce pays, leur parcours… Certains, je pense à Sophie Garel et Pierre Donnersberg, n’avait jamais confié ces souvenirs. Quand la mémoire s’efforce de replonger dans un passé douloureux.
