HELENE VINCENT ET VINCENT LINDON : AU-DELA DES MAUX

QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS, de Stéphane Brizé – 1H48

Avec Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuelle Seigner, Olivier Perrier

Sortie : mercredi 19 septembre 2012

Je vote : 4 sur 5

L’histoire  ? Tout juste sorti de prison, Alain Evrard, 48 ans, est contraint de retourner vivre chez sa mère. Cette cohabitation fait resurgir la violence de leur relation passée. Un jour, il découvre que sa mère, malade, est condamnée à brève échéance. Dans ces dernières semaines de vie, arriveront-ils à  renouer le fil ?

Alain est incapable de parler à sa mère (Hélène Vincent et Vincent Lindon)

Et alors ?

On savait que Stéphane Brizé aimait explorer l’âme humaine, les tourments, les désordres psychologiques. Cette fois, il s’attaque à un sujet double : l’évocation de la fin assistée lui permet de passer au scanner le désordre des sentiments familiaux et la relation dure entre une mère rugueuse, incapable de dire sa tendresse, et ce fils, fermé sur lui comme une huitre. Même quand il retrouve l’amour avec sa rencontre avec Clémence (Emmanuelle Seigner), Alain est incapable de se dépouiller d’une carapace virile.  Le cinéaste souligne : « La question qui se pose est de savoir si ces deux personnages vont parvenir à apaiser leurs rapports, à échanger ces quelques mots essentiels à toute leur vie, avant qu’il ne soit définitivement trop tard. »

Alain et Clémence, ou l’amour impossible

Avec une mise en scène lente, qui privilégie les silences, et une caméra qui s’attarde sur le décor suranné d’un intérieur petit bourgeois de province dans un quartier aussi impersonnel que mélancolique, le réalisateur propose à Hélène Vincent un contre-emploi fort. Plutôt pétillante dans la vie comme dans bien des films, la comédienne parvient à donner corps à ce personnage de mère dure, a priori sans états d’âme, obsédée par l’ordre et le ménage. Le cinéaste raconte : « Hélène a cette capacité courageuse à accepter de ne pas jouer un personnage apparemment aimable en même temps qu’elle parvient pourtant à dessiner en creux les contours de cette douceur douloureusement enfouie et figée au fond d’elle. »

Face à elle, Vincent Lindon retrouve Brizé pour jouer ce fils taiseux qui peut parfois céder à une très grande violence verbale, presque physique. Il est d’ailleurs magistral dans la séquence de rupture avec sa mère où il lui crie ses vérités au visage. Comme s’il ne pouvait que hurler pour ne pas lâcher prise dans la vie. Brizé ajoute : « Vincent est plein d’une mélancolie qui me touche profondément et dans laquelle je projette la mienne. Nous sommes nés sur des planètes différentes et pourtant, nous sommes cousins. Cousins d’enthousiasme. Je comprends ce qu’il ressent et il comprend ce que je ressens. Et il le traduit à l’écran avec une justesse et une présence bouleversante. »

La vie serait-elle comme un puzzle à finir

Avec quelques astuces de scénario -la relation avec la chienne boxer, seul moment de dialogues entre la mère et son fils; les relations avec ce voisin attachant (Olivier Perrier est parfait)- Stéphane Brizé parvient à signer un drame qui, malgré un thème très pesant, nous touche de bout en bout et fait oublier même quelques petites longueurs.

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