La liberté selon Giraudeau

UN JOUR, UN DESTIN, de Kahina Kaci, Erwan L’Eléouet et Fabien Boucheseiche.

Un magazine présenté par Laurent Delahousse

Diffusion : mercredi 5 septembre 2012, 22h25 sur France 2

Je vote : 3 sur 5

Le sujet ? Un portrait de l’acteur mort en juillet 2010 à travers de nombreux témoignages de proches, y compris sa sœur et son frère, et de nombreux documents souvent inédits. Un document qui ouvre la nouvelle saison d’Un jour, un destin, présenté par Laurent Delahousse, et désormais programmé le mercredi en deuxième partie de soirée.

3 raisons de découvrir ce doc ?

Le portrait d’un homme libre. Toute sa vie, même au moment où il est rattrapé par la maladie, Bernard Giraudeau n’a jamais cédé un pouce à son désir de liberté. L’histoire est bien connue : le jeune Giraudeau, fils d’un militaire austère, a opté pour l’aventure en s’engageant à 16 ans dans la Marine pour fuir l’ennui d’une vie provinciale à la Rochelle et d’un destin tout tracé. L’occasion de faire deux tours du monde sur « La Jeanne » même si, très vite, comme le rapporte ses copains d’alors, il supporta mal l’autorité et les rites de la Marine nationale. Dans une lettre envoyée à ses parents à cette époque, il manifeste ainsi son désir de vivre libre : « Je veux arriver à une liberté de travail et d’esprit. »

Evoquant la maladie avec Catherine Ceylac en mai 2007 sur France 2

Il lui faudra quitter un boulot monotone de contremaître dans une petite entreprise de La Rochelle, rencontré la troupe de théâtre de la Maison de la culture de la Rochelle pour découvrir sa voix. Celle de l’art. Un chemin long et difficile, riche de bien des rencontres et de bien des aventures, comme celle de la comédie musicale avec Anny Duperey. Une vie marquée par la volonté de ne pas se laisser cantonner au rôle d’acteur à belle gueule. Et, quand la maladie le détournera des plateaux de tournage, Giraudeau réussit à se lancer avec succès dans une nouvelle aventure : l’écriture où il remporta quelques beaux succès de plume en écrivant tout son de ces autobiographies convenues. Son roman Les Dames de nage, sorti en 2007, fut ainsi tiré à 117 000 exemplaires.

Un homme en perpétuel mouvement comme le souligne son frère François dans une formule lapidaire : « Il ne pouvait pas poser son cul sur une chaise. » Son éditrice, Anne-Marie Métailié souligne justement qu’à la fin de sa vie, lorsque le cancer réduisit ses possibilités de bouger : « L’écriture lui a permis d’arrêter de courir.« 

Des témoignages plein de pudeur de proches. On est surpris par le nombre et la qualité de témoignages des membres de sa famille et d’amis qui dévoilent, non sans pudeur, bien des aspects du caractère d’un homme qui ne « parlait pas des choses intimes. » Au premier rang, il y a bien sûr Anny Duperey, la mère de ses deux enfants, qui revient sur les années passées avec cet homme excessif qui vivait dans un tourbillon. « Il aimait l’épreuve, il aimait surmonter… Tout ce que je n’aimais pas« , confie t-elle dans un sourire. Il y a aussi Colette Milner, son ancienne professeur de danse de la Rochelle, qui l’hébergea un temps comme un fils et qui raconte comment, lors de sa dernière venue dans sa maison, quelques mois avant sa disparition, le comédien avait fait le tour des lieux en lui disant laconique : « C’est bien. Rien n’a changé. » Comme s’il avait retrouvé un temps un port d’attache lui qui avait connu mille vies.

Tous s’accordent pour dire que Bernard Giraudeau avait un caractère difficile à vivre, autant exigeant avec les autres qu’avec lui même et capable de bien des emportements. Réalisant son premier film, Les Caprices d’un fleuve, Bernard Giraudeau se montre ainsi omniprésent, directif, volontaire. Et l’ami Bohringer de souligner comme bluffé par cette énergie: « ll était terrifiant. » On mesure ce trait de personnalité dans la séquence d’ouverture du documentaire qui relate le premier Raid Gauloise de Giraudeau en novembre 1993. Frappé d’une trait forte déshydratation, il refusa d’abandonner, selon les conseils des médecins, reprit la course, soutenu par son équipe qui lui porta son barda, avant, quelques jours après, ayant retrouvé la forme, de morigéner ses partenaires !

Il aura fallu au comédien l’épreuve ultime de la maladie pour qu’il accepte de fendre d’armure, de se confier à ses proches. Son frère souligne : « Il était méconnaissable dans les relations humaines. »

Des images inédites. Outre les plans du Giraudeau, apprenti mécanicien sur « La Jeanne », filmée par ses copains de bord, on découvre bien d’autres séquences méconnues sur la vie de l’artiste. Ainsi des images des coulisses de Viens chez moi, j’habite chez une copine et surtout sa prestation le jour où il décrocha le prix du Conservatoire de Paris en faisant une interprétation étonnante du monologue de Figaro.

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