FLIC ET TUEUR : UNE VIE EN NOIR

KILLER JOE, de William Friedkin – 1h42

Emile Hirsch (Chris) et Matthew McConaughey (Killer Joe) (photos KILLER JOE NEVADA, LLC)

Avec Matthew McConaughey, Emile Hirsch, Juno Temple

Sortie : mercredi 5 septembre 2012

Je vote : 3 sur 5

Le pitch ? Chris, 22 ans, minable dealer , doit récupérer 6 000 dollars pour ne pas y laisser la vie. Il croit avoir trouvé la solution  quand on lui propose une arnaque à l’assurance vie. Celle que sa  mère a contractée pour 50 000 dollars. Pour se charger du  boulot, il pense à  Killer Joe, flic le jour, tueur à gages la nuit. Il lui reste à mettre le reste de sa famille éclatée dans la confidence…

Deux raisons d’aller voir ce film  ?

Un humour noir pour un peinture sociale tragique. Célèbre réalisateur de L’Exorciste,  William Friedkin s’amuse avec un malin plaisir à décrire ce clan de minables, prêts à toutes les manigances pour se faire un peu de fric. Pour ce faire, il a demandé au dramaturge Tracy Letts d’adapter une de ses pièces, récompensée par le Prix Pulitzer pour signer une histoire qui montre à ceux qui sont forcés de dévoiler leur vraie nature sous le regard de leurs proches… Pour ce faire, il n’hésite pas à montrer la noirceur des âmes humaines : « La frontière entre le bien et le mal est ténue, et nous portons tous en nous le germe du mal. » Cela lui permet d’oser bien des scènes dont le morceau de bravoure est sans nul doute l’utilisation d’une cuisse de poulet dans une scène qui n’est pas à piquer des hannetons, en forme de condensé de toute la veulerie humaine.

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Une jolie galerie de personnages. L’astuce du réalisateur est d’avoir utilisé à contre emploi un Matthew McConaughey qui incarne, sans barguigner, cette espèce de cow boy des temps modernes dont l’apparente douceur masque une vraie brutalité. Le réalisateur explique :  « Je ne vois qu’une poignée d’acteurs capables d’endosser un tel rôle, et le public aurait pu rejeter le personnage en bloc si son interprète n’avait pas été perçu au préalable comme un type bien. » Le comédien avoue qu’il a eu du mal de prime abord à percevoir ce Killer Joe : « La première fois que j’ai lu le scénario, je n’arrivais pas à bien cerner mon personnage. Ensuite j’ai rencontré Billy Friedkin, et son enthousiasme pour l’histoire d’amour et l’humour irrévérencieux de cette famille méchamment dysfonctionnelle m’a aidé à l’envisager sous un angle plus drolatique. » Comme il est bien entouré – de Juno Temple qui campe Dottie, l’adolescente paumée et   Emile Hirsch dans un rôle à cent coudées de  Into the Wild-  la sauce prend et on se prend à parfois éprouver de la pitié pour de tels minables.

Une comédie noire dont Friedkin définit ainsi les contours : « C’est un peu l’histoire de Cendrillon sauf que le prince charmant est un tueur à gages ». Et que sa famille est prête à la prostituer pour obtenir son pognon. Pas moral pour un sou mais plutôt drôle et bien balancé…

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