Ce long chemin qui mena à l’école

QUAND NOUS ETIONS ECOLIERS ! – 1h30

 Documentaire de René-Jean Rouyer

Mercredi 5 septembre – 20h35- France 3

 Mon avis : 2 sur 4

Rentrée des classes oblige, France 3 diffuse un documentaire qui  remonte le temps et propose un parcours historique sur le chemin de l’école laïque. Une façon d’éclairer la crise aujourd’hui traversée par cette institution de la République ?

En filmant le quotidien de deux  » maîtresses » d’aujourd’hui, Marilyn et Muriel –une parisienne et l’autre provinciale – aussi dévouées l’une que l’autre mais aux méthodes d’enseignement fort différente, René-Jean Rouyer tente de comprendre la crise de l’école actuelle. Pour cela, il remonte aux sources de cette école, voulue par Jules Ferry en 187O quand, membre du gouvernement provisoire, il est l’auteur des lois de la IIIème république qui rendent l’instruction obligatoire, gratuite et l’enseignement laïc. Une laïcité qui ne se fait pas sans de rudes joutes oratoires et politiques face aux autorités catholiques.

Plusieurs décennies après sa mort, Ferry reste une figure emblématique de cette laïcité française et l’un des pères fondateurs de notre identité républicaine. Le cinéaste souligne au demeurant  : « Chronique de la vie des écoliers, c’est aussi un regard posé sur notre société depuis cent cinquante ans, car l’enseignement est un miroir de la vie française . »

Ce retour dans le passé est sans doute la partie la plus intéressante du documentaire où l’on découvre comment cette conception de l’école fut aussi une manière pour le ministre de tirer un trait définitif sur l’Ancien régime et gagner une population la plus large aux idéaux républicains. C’est l’époque où Victor Hugo lança par exemple : « Ouvrir une école, c’est fermer une prison. »

Une école laïque qui jouera longtemps le rôle d’ascenseur social et permettra à certains éléments de faire une belle carrière.  Georges Pompidou en fut un des exemples les plus célèbres lui qui, petit fils de paysan et fils d’instituteur, accéda à la Présidence de la République après avoir accompli la  brillante carrière politique que l’on sait.

Le documentaire montre aussi comment, avant-guerre, un instituteur comme Célestin Freinet réussit à créer une école différente à Vence, durant le Front populaire et développa certaines méthodes pédagogiques qui irriguèrent ensuite l’éducation devenue nationale. De même, la méthode dite Montessori où l’éducation est considérée comme « une aide à la vie », a marqué son époque et fait des émules.

Si l’école est bien ce « miroir » de notre société, le désarroi vécu actuellement par cette institution témoigne sans doute des tâtonnements et des contradictions d’un corps social qui vit une vraie crise de valeurs. C’est là une des limites de ce documentaire où, malgré de nombreux témoignages, on ne voit pas de vraies pistes apparaître pour tenter ,sinon de résoudre, du moins d’analyser plus avant les problèmes actuels : inégalités, craintes des parents, méthodes, ascenseur social… Et ce, alors que les questions sur l’éducation sont une des priorités du nouveau Président de la République et de son gouvernement.

Mais, peut-être est ce le point de départ pour nourrir le débat traditionnel de cette Histoire immédiate. En tout cas, ce rappel historique a le mérite de la clarté.

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