TOURBILLON, d’Helvécio Marins Jr et Clarissa Campolina – 1h28
Avec des acteurs non professionnels
Sortie : mercredi 15 août 2012
Je vote : 3 sur 5
Le pitch ? Au cœur du Sertaõ, une région désertique au centre du Brésil, Bastu, 81 ans, vit au rythme des fêtes de son village, de la musique traditionnelle, des rites et des rêves toujours présents dans son existence. Son mari meurt une nuit dans son sommeil. Malgré ce deuil et avec l’impression de réapparitions incessantes, Bastu continue d’avoir envie de vivre et de s’amuser avec ses amis et sa famille.
Deux raisons d’aller voir ce film ?
Entre fiction et réalité, et dans une veine ethnographique, ce film est une approche sensible et intelligente du moment où la vie fait irruption dans l’existence, des interrogations sur le deuil et de la force de la vie malgré tout. Inspirés par bien des thèmes de la littérature sud-américaine -de Gabriel Garcia Marquez à un grand auteur brésilien João Guimarães- les deux réalisateurs jouent en permanence entre le réalisme et l’imagination.
Ils ont fait le choix -qui peut s’avérer périlleux- de tourner avec des acteurs non professionnels : ils les ont trouvés dans un tout petit village de São Romão, dans le sertaõ brésilien, une région sèche et pauvre. De plus, ils ont nourri leur scénario des récits personnels de Bastu comme le raconte Helvécio : « Le choix des acteurs a été fondamental, mais très simple, ils étaient eux-mêmes. J’ai pris beaucoup de notes, je les ai énormément interrogés, j’ai passé beaucoup de temps dans leur maison, j’ai dormi là-bas, j’ai été traité comme un fils. Cette intimité et cette confiance entre nous pendant toutes ces années ont été essentielles pour le film. » Le jeu de Bastu est tout à fait étonnant : elle fait montre d’un naturel stupéfiant quand elle se déplace dans l’atelier maréchal-ferrant de son défunt mari pour reconstruire son monde ou quand elle joue avec le pistolet avec lequel, jeune fille, elle aimait s’amuser.
Face à elle, il y a son amie Maria qui propose de beaux moments de musique et de percussion tant cette vieille dame semble prendre du plaisir à donner de la voix, accompagnée par une guitare antique aux sonorités métalliques.
Pour les capter dans leur quotidien, entourées de leurs proches et au milieu de leurs objets personnels, les cinéastes ont opté pour une image naturaliste et leur chef opérateur, Ivo Lopes Araujo a fait un beau travail en mariant la photo au numérique sans perdre pour autant le rythme du film. Car, si l’œuvre parle de la mort, il évoque surtout la vie dans toute sa fantaisie, et une forme de légèreté malgré la peine en révélant ces personnalités attachantes.
Enfin, il y a ce dialogue permanent de ces femmes avec la nature qui les entoure. Clarissa Campolina raconte : « La nature et le paysage sont une part intégrante de la vie de Bastu, Maria et d’autres personnes âgées de São Romão et sa région. Dans cette toute petite ville, si vous marchez 1 kilomètre vers n’importe quelle direction, vous vous retrouvez en pleine nature. C’est une part d’eux-mêmes, de leurs habitudes, de leur poésie, de leur imagination, de leurs rêves… Cela a une grande influence sur leur manière de voir le monde et leur vie. »
Sans jamais jouer sur un univers de carte postale pour routards en mal d’inspiration, ce film touchant est une douce leçon de vie.
