LA CLINIQUE DE L’AMOUR, de Arthus de Penguern – 1h23

Avec Arthus de Penguern, Helena Noguerra, Natacha Lindinger, Bruno Salomone, Michel Aumont, Bruno Salomone
Sortie : mercredi 27 juin 2012
Je vote : 4 sur 5
Quezako ?
John et Michael sont deux frères chirurgiens dans la clinique de leur père et que tout oppose. Si John est consciencieux et romantique, Michael est, lui, intéressé, peu fiable et volage Amoureux éperdu de Priscilla, une belle infirmière, John se voit ravir la jeune fille par Michael, qui l’épouse. Il plaque tout pour exercer son métier au fin fond du Canada alors que Michael délaisse Priscilla pour Samantha, une nouvelle infirmière cupide et fatale. En peu de mois, Michael transforme la clinique en centre de chirurgie esthétique et court à la ruine tant il est mauvais chirurgien… Heureusement que John rentre en France même si tout semble perdu pour cette drôle de clinique.
Et alors ?
Si vous êtes gavés des feuilletons à l’eau de rose télévisés, cette comédie acidulée est pour vous. Avec des personnages aussi caricaturaux que leurs modèles cathodiques, cette histoire est une pure friandise à déguster en famille dans la grande tradition des comédies américaines. Arthus de Penguern raconte qu’il a eu envie de « s’amuser autour de ces soap operas qui pullulent depuis «La Clinique de la forêt noire» jusqu’aux «Feux de l’amour», dont les scénarii enchaînent des clichés plus affligeants les uns que les autres et me laissent toujours pantois. Ma démarche est la même que celle des Zucker/Abraham/Zucker, quand ils s’attaquent aux films catastrophes en reprenant le scénario d’ »Airport » et de « 747 en péril » pour s’en amuser allègrement dans « Y a t-il un pilote dans l’avion ? » La Clinique de l’amour » reprend, elle, les trames de ces feuilletons à l’eau de rose. » De ce côté-là, le défi est bel et bien relevé.
L’air de rien, et même s’il se défend d’avoir fait une satire d’une société régie par le culte de la beauté, le cinéaste signe une comédie sociale qui pointe du doigt les dérives d’un monde régi par le paraître, le culte de l’argent, de la réussite et de la beauté. Mais, comme il le souligne : « Mon film ne se moque pas de ces interventions, mais des soap operas, qui sont à l’amour ce que l’abus de collagène ou de silicone est à la chirurgie esthétique ».
Pour ce faire, il s’est entouré d’une belle brochette de comédiens prêts à tout pour faire parler l’humour. De Natacha Lindinger -Samantha Bitch (ci-contre)- délicieuse croqueuse d’hommes, à Ged Marlon qui met une indiscutable touche de poésie à son personnage de toubib mal dans sa blouse et coincé.
Le plus enfin de ce film qui lorgne plus vers l’univers d’un Pierre Etaix que celui de Fabien Onteniente, c’est de savoir distiller de séquence en séquence une belle dose de poésie et de folie surréaliste. Ce n’est pas le moindre mérité de cette histoire qui vous embarque du début à la fin sans jamais tomber dans le rire gros et lourd. Arthus de Penguern conclue : « En France, il y a beaucoup de comédies formidables et efficaces, mais souvent dénuées de poésie. Si on regarde les mythes fondateurs du cinéma comique, tels Charlie Chaplin et Buster Keaton, il y a toujours de la poésie et l’histoire d’amour entre l’héroïne et l’anti-héros ne passe jamais par des considérations matérialistes, elle est toujours pétrie d’émotion. » Il y parvient notamment par le rythme insuffler dans le montage du début à la fin avec des vraies séquences qui marquent comme l’improbable accouchement dans l’ascenseur. Bref, une comédie dont on sort revigoré et le sourire aux lèvres.
