OFF WORLD, de Matéo Guez – 1h17
Avec Marc Abaya, David Usher, Che Ramos
Sortie : mercredi 27 juin 2012
Je vote: 4 sur 5
L’histoire ?
Adopté par une famille canadienne, un Philippin, Lucky, revient à Manille. A Smokey Mountain, l’immense bidonville dont les poubelles flambent toute la journée, il se pose la question de ses origines. Ce retour aux origines s’avère bouleversant pour lui.
3 raison s’y aller ?
Jeune réalisateur français parti au Canada pour devenir cinéaste, Matéo Guz a osé pour ce premier long métrage choisir un décor aussi incroyable et apocalyptique que celui de Smokey Mountain à Manille. A l’origine village de pêcheurs tranquilles, Smokey Mountain a vu, après la Seconde Guerre mondiale, un afflux de personnes en provenance des provinces des Philippines changea le cours des choses. La criminalité et la violence augmentèrent de façon exponentielle. Au milieu des années 1950, le ministère de la fonction publique du Gouvernement des Philippines a commencé à utiliser la région comme dépotoir public y amassant les ordures venant de toute la ville. Autant dire que le tournage qui dura neuf jours seulement fut un véritable défi.
Pour autant, le cinéaste ne verse pas dans la glauque pour exprimer les émotions ressenties par Lucky. Il parvient même à dégager une vraie poésie de certaines séquences comme celle où le narrateur est allongé au milieu d’un décor de plastique usagé. Il montre aussi une forme de solidarité dans ces bas-fonds. Au demeurant, son tournage a bénéficié du soutien des habitants du bidonville. Il raconte : Je me souviens particulièrement d’un jour de tournage plus compliqué que les autres, un mouvement de caméra au-dessus de l’océan. La caméra était accrochée à une grue positionnée sur une jetée très étroite. Cette jetée était l’endroit principal où la communauté venait faire ses besoins chaque matin, sorte de toilettes publiques en plein air. Pour le besoin du film, la population s’est non seulement retenue d’utiliser l’endroit pendant plus de six heures, mais l’ont nettoyé pour nous avant notre arrivée. » De séquence en séquence, on est frappé par la beauté des images captées par ce cinéaste, dont certaines font penser à un tableau ultra-réaliste.
Un autre coup du sort – le désistement de l’acteur principal- lui a permis de dénicher un acteur étonnant, Marc Abaya, rocker philippin célèbre , qui était par hasard en concert à Manille. « À moins de vingt-quatre heures de mon tournage, Abaya a convenu de me rencontrer, et d’examiner le projet. Moins de quatre heures plus tard, à six heures du matin, il m’a appelé pour annoncer qu’il était d’accord.». Dans ce retour sur son passé, Abaya parvient à faire passer bien des émotions sans un jeu forcé.
Enfin, il y a cette quête sur les origines qui peut toucher n’importe quel spectateur même s’il n’a pas connu un tel parcours déstabilisant. « Ce qui m’intéresse, dit le cinéaste, c’est de comprendre pourquoi certains évènements violents nous arrivent et comment on peut se construire un avenir malgré eux. Tout tourne autour du destin, de la nécessité de comprendre d’où on vient, pourquoi on est là et où l’on va. « Un regard qui est alors universel et ne cesse d’émouvoir tant la mise en scène de ce film, portée par une musique obsédante, est réussie.

Merci pour cet article touchant qui me va droit au coeur… Bien a vous, Mateo Guez