LES VIEUX CHATS, de Sebastiàn Silva et Pedro Peirano -1h29
Avec Bélgica Castro, Claudia Celedón, Catalina Saavedra, Alejandro Svieveking
Sortie : mercredi 25 avril 2012
Je vote : 4 sur 5
Quezako ?
Deux vieux amants, Isidora et Enrique vivent une retraite paisible avec leur deux vieux chats dans un appartement cossu de Santiago, la capitale du Chili. S’il n’y avait pas une nouvelle panne d’ascenseur, la vie serait douce malgré la maladie d’Alzheimer dont est atteinte Isidora, protégée et choyée par son deuxième mari.. Il y a pire avec l’arrivée soudaine de Rosario, la fille autoritaire d’Isidora, qui lorgne sur l’appartement de sa mère.
Et alors ?
Il y a du Festen– ce film de Thomas Vinterberg qui, en 1998, décrivait une crise familiale qui éclatait lors d’un repas annuel – dans cette histoire. Simplement, les réalisateurs signent une œuvre sur le papier moins violente et où se mêlent plusieurs niveaux : de la maladie de la mère à la cupidité de la fille et de son « compagnon », dont il faut laisser le spectateur découvrir l’identité. Entre rire et larmes, Sebastiàn Silva et Pedro Peirano signent ici une histoire qui joue aussi sur plusieurs registres et permettent d’adoucir la dureté de certaines situations. Pedro Peirano déclare : « C’est un drame qui comporte des éléments de comédie. Il nous est impossible de ne pas intégrer de l’humour à nos histoires. D’autant qu’on s’attache ici au point de vue d’une femme âgée, ce qui n’est pas un sujet évident à traiter au cinéma. » Son partenaire confirme : « La situation est triste mais drôle. Si vous revoyez le film une seconde fois, de nombreuses situations embarrassantes pour les personnages provoquent le rire. » Ainsi, l’évocation de la maladie d’Alzheimer n’est jamais évoqué de manière glauque et permet même une séquence d’une grande force poétique quand Isidora découvre des abeilles humaines qui évoluent dans la parc voisin. Et, quand elle se perd dans ledit parc, cette errance symbolise la liberté d’une vieille dame qui échappe ainsi au poids de la famille un instant.
Au cœur de ce récit, on remarque la silhouette de Bélgica Castro, grande actrice chilienne, âgée de 90 ans, dont la prestation est d’autant plus forte qu’elle a accepté que son appartement (et ses deux chats) soit mis au service du scénario. Pedro Peirano souligne : « Nous voulions que les meilleures conditions de tournage soient réunies pour elle. Les chats lui appartiennent et règnent dans la maison. Ce sont de véritables stars. Ne pas les inclure dans l’histoire était inconcevable. » Ces animaux symbolisent aussi le calme de cette vieille dame et l’irruption de la fille, un brin hystérique et au demeurant allergique aux matous, n’en est que plus singulière.
Tourné presque exclusivement dans cet appartement, le film surprend par la variété des prises de vue qui lui confèreun grand réalisme et de donne que plus d’impact à cette histoire. Sebastiàn Silva ajoute : « Nous avons multiplié les angles et les longues prises où l’on suit les personnages dans leurs déplacements. On a aussi eu recours aux gros plans sur les visages : ce sont des espaces infinis où se dessinent des émotions et les émotions n’ont pas de murs. Être dans les yeux de nos personnages aère le film. »
Sur un thème qui pourrait être lourd, les deux cinéaste signent une histoire d’une grande force sous une apparente simplicité…
