AVÉ, de Konstantin Bojanov – 1h26
Avec Anjela Nedyalkova et Ovanes Torosyan
Sortie : mercredi 25 avril 2012
Je vote : 3 sur 4
Quezako ?
Etudiant dans une école d’arts plastiques, Kamen part en stop de Sofia pour Roussé, au nord de la Bulgarie pour se rendre à l’enterrement d’un ami qui vient de se suicider. En chemin, il croise Avé,jeune fugueuse s’ impose dans son voyage. Une jeune femme mystérieuse dont il ne sait vite plus si elle ment ou si elle dit la vérité et qui ne cesse d’inventer des histoires au gré des rencontres.
3 raisons d’aimer ce film
A la manière de L’Epouvantail, la route agit dans le récit comme un révélateur pour deux adolescents qui font la première fois l’expérience de la mort et découvre aussi les frémissements de l’amour. Dans cette quête initiatique sur le passage à l’âge adulte -mais, y arrive t-on jamais ? – Kamen et Avé vont de rencontre en rencontre en découvrant la violence des relations dans un pays sombre comme l’asphalte d’un autoroute où les gens semblent murés dans leur solitude. A cet égard, la séquence avec le camionneur allemand est particulièrement forte et montre une Avé qui se joue des codes des « grands ». Même s’ils sont sinistres. Le cinéaste raconte : « J’adore voyager et je mène une vie de nomade, en me partageant entre New York, la Bulgarie, l’Europe et l’Afrique du Nord… Pour moi, le voyage et la route ont toujours été très libérateurs. Je voulais donc que les deux protagonistes du film soient dans une posture similaire : ils sont sur la route et obligés d’affronter des événements dramatiques dont ils ne perçoivent pas totalement l’importance. »
Au fil de ce récit, on découvre le talent de deux jeunes acteurs à nous inconnus. Kamen d’abord, dont la fragilité et les doutes sont parfaitement éclairés par le jeu d’Ovanes Torosyan. Konstantin Bojano souligne : « Il y a chez Ovanes une sombre mélancolie qui me plaît et que je voulais utiliser dans le film. Pour moi, il était essentiel que l’alchimie se produise entre les deux acteurs principaux. J’avais besoin de leur fragilité. »
Face à lui, Anjela Nedyalkova incarne une jeune fille aussi fragile que « solide », qui masque ses blessures derrière un mur de mensonges. Une jeune actrice étudiante en arts plastiques mais qui passait son temps à tailler les cours. Quand il a réussi à la joindre, il raconte comment elle a inventé un tas d’histoires pour se justifier : « Elle m’a dit qu’il était arrivé quelque chose de terrible à sa mère la veille et qu’elle n’avait donc pas pu venir à l’audition. Je n’ai jamais su si elle m’a dit la vérité ou pas. Autour de moi, tout le monde me répétait que j’étais totalement fou de choisir une actrice, dix jours avant le début du tournage, qui n’avait presque jamais joué ! Mais j’ai cru en elle, et j’ai tenu bon. »
Enfin, porté par une belle musique minimaliste, ce film montre les deux visages d’un ex-pays de l’Est, écartelé entre une sombre modernité, ces décors glaçants de banlieue des villes, et le passé rural, symbolisé par la maison de son ami, et ce surréaliste repas de funérailles où l’on retrouve l’atmosphère d’un film de Kusturica. Un road-movie qui, au final, ne peut que surprendre, intriguer et toucher.
