L’AMOUR ET RIEN D’AUTRE, de Jan Schomburg – 1h28
Avec Sandra Hüller, Georg Friedrich, Felix Knopp
Sortie : mercredi 18 avril 2012
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Jeune femme panouie et heureuse en amour, Martha vit un drame avec le suicide de son mari. Elle découvre alors qu’elle ne connaissait rien de lui… Même si la vie lui fait croiser un autre homme, pourra t-elle vivre cet amour après une telle perte ?
2 raisons d’aimer ce film ?

L’originalité d’une histoire qui mêle, au récit du travail de deuil, celui de la double vie du mari de Martha qui a volontairement inventé une partie de ses activités. Le choc subi par Martha à l’annonce de son suicide n’en est que plus fort. C’est ce qui fait la force du premier long métrage d’un cinéaste qui s’est inspiré d’une histoire vécue par des proches comme il le raconte : « En fait, il s’est passé une histoire similaire dans mon cercle d’amis. Une femme mariée depuis plusieurs années a soudainement découvert que le soi-disant travail excellent que son mari tenait dans une banque n’existait pas, qu’ils étaient fauchés et sans même la moindre assurance. Certaines personnes mènent des double vies à tel point qu’elles maintiennent ces mensonges même dans le contexte le plus privé et intime. Ce type de prétexte, qui évoque un faux succès, semble être plus ou moins spécifique aux sexes. Les cas que je connais touchent essentiellement des hommes… » En cela, ce film donne une autre lecture du mensonge dans le couple de celui que racontait Nicole Garcia dans L’Adversaire.
L’autre force du film tient en son actrice principale, Sandra Hüller, qui parvient à petites touches à éclairer ce personnage de jeune femme en proie à tous les doutes mais qui continue de vivre comme si… Dans aucune scène, le cinéaste ne joue sur l’émotion pour l’émotion y compris dans la séquences qui est un petit miracle de justesse où Martha assiste à la préparation du corps du défunt. Trois fois primée pour ce rôle dans différents festivals, la comédienne souligne : « Martha est une femme peu ordinaire qui prend ce qu’elle veut, que ce soit par défi ou par liberté – vous pouvez l’interpréter comme bon vous semble. Je l’admire parce qu’elle n’abandonne jamais et qu’elle conserve son humour et son ouverture d’esprit même lorsque tout s’écroule autour d’elle. » Cette jeune femme a toujours un temps d’avance sur la vie. Elle ajoute : « Martha se refuse à toute sensiblerie et ne prend pas le temps du recueillement. Son regard est tourné vers l’avant. »
Dans cette histoire de deuil, jamais le cinéaste n’enfonce le clou et sa manière de suggérer les choses – jusqu’à la scène finale qui surprendra son monde par son côté décalé – n’en est que plus forte, juste et touchante.
