UN COUPLE BRESILIEN EN PLEINE CRISE

TRABALHAR CANSA, de Juliana Rojas et Marco Dutra

Avec Helena Albergaria, Marat Descartes, Naloana Lima, Marina Flores

Sortie : mercredi 11 avril 2012

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

En lançant un supermarché dans un local déserté, Helena réalise un vieux rêve. Comme son mari, Otavio, perd soudain son travail, la famille est alors bouleversée. En prime, l’installation et le lancement du commerce connaît une série d’incidents.  De quoi troubler encore plus cette famille de la moyenne bourgeoisie qui traverse alors une vraie crise.

Deux raisons d’y aller.

Le regard sur le chômage. Paroles des réalisateurs : « Pour ce  premier long-métrage, nous avons cherché à affiner cette perspective en racontant à quel point le travail – ou l’absence de travail – peut affecter les relations familiales et personnelles. Une histoire avec ses propres nuances macabres, qui ont leur racines dans la vie quotidienne et l’univers domestique des personnages. Nous voulions explorer la manière dont la famille est affectée lorsque survient une inversion des rôles qui bouleverse les habitudes. » Dans ce contexte, le personnage d’Helena, très bien campée par Helena Albergaria, est au cœur du récit. Tout en se battant pour la survie de son commerce -elle découvre notamment les difficultés de gérer le personnel, le vol de produits…- elle doit tenir son ménage de bout en bout avec un mari qui commence à sombrer dans la déprime dans le contexte social actuel où un mec de quarante ans est considéré comme « vieux » sur le marché du travail.

Et puis, il y a une autre dimension d’une histoire qui tire, en douceur, vers le fantastique. Avec notamment un magasin qui semble doté d’une vie propre, devient  subrepticement un cadre inquiétant avec la montée des eaux de canalisation, des bruits suspects… Comme si le lieu devenait inhospitalier pour cette jeune femme volontaire et décidée. C’est ce qui rend l’histoire encore plus originale et dérangeante. Comme le souligne d’ailleurs  Juliana Rojas et Marco Dutra quand ils disent :  « S’il y a de fait un mur entre relations de travail et relations personnelles, il s’agit d’une barrière fragile. Le résultat, espérons-nous, est un film qui dérange non seulement dans son approche de la vie d’une famille de classe moyenne en crise, mais aussi par l’atmosphère morbide qui entoure les personnages. Il y a quelque chose de terrifiant dans la vie quotidienne de chacun des personnages, dans leurs inquiétudes et leurs espérances. »

En décrivant aussi les relations de pouvoir à tous les niveaux – dans la famille, avec la bonne employée au black, dans les relations sociales aussi –  Trabalhar Cansa porte un regard sans fard sur la société moderne avec la crise de cette famille de classe moyenne. Il y a au final quelque chose d’oppressant à souhait dans la vie quotidienne des tous ces personnages qui subissent cette existence. Avec, au final, une séquence qui crée une belle surprise et symbolise, plus qu’un long discours, le côté animal de nos relations sociales.


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