LA VIE DE LA MORT

POUR LUI, d’Andreas Dresen – 1h50

Avec Steffi Kûhnert, Milan Pecshel, Talisa Lilli Lenke et Mika Nilson Seidel

Sortie : mercredi 4 avril 2012

Je vote : 4 sur 5

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Le sujet ? Franck, la quarantaine tranquille, apprend qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau inopérable. Il doit désormais affronter cette fin de vie entouré de sa femme et de ses deux enfants. Avec une question permanente : comment vivre ainsi ?

Trois raisons d’aller voir ce film ?

Les sceptiques diront bien sûr à quoi bon ? Pourquoi filmer au jour le jour une fin de vie, en entourant en prime les comédiens de vrais professionnels tels le médecin chef du service de neurochirurgie d’une clinique de Postdam ou une médecin à domicile ? Mais Andreas Dresen n’aime pas le cinéma ordinaire. Il l’avait déjà montré en évoquant l’amour chez les personnes âgées dans Septième ciel. Il dit sans ambages : « Cela ne m’intéresse pas de briser les tabous. Toutefois, que la vie soit célébrée, même dans ce genre de cas, me paraît être un tabou positif si l’on peut parler ainsi. Mon père est décédé lui aussi des suites d’une tumeur au cerveau il y a dix ans. Il me semble que la mort, du moins pour la génération à laquelle j’appartiens qui approche la cinquantaine, n’a pas encore été évoquée avec tact. Les décès se sont multipliés autour de moi. Il fallait alors que je sois au plus près des choses. »

Là où il se distingue d’un documentaire, c’est par la mise à distance avec le drame quotidien du père tout en le filmant au plus près la dérive de ce corps qui se détériore au quotidien. En utilisant par exemple l’iPhone dont Franck se sert pour capter les derniers instants familiaux qui le rattachent encore à la vie. Le réalisateur note : « Je n’étais pas toujours d’accord là-dessus. Milan les a développées pour lui tout seul,parfois même après les prises. Et c’est grâce à cela que nous avons été d’une grande justesse sur certains scènes, notamment lors de la conversation nocturne entre Frank et sa tumeur. « 

Enfin, toute la force de l’histoire tient, outre ses qualités cinématographiques – je pense à la séquence  d’ouverture du film, construite sur des regards ou à celle du repas de Noël autour du lit du malade – au jeu des comédiens qui donnent une force incroyable au récit. D’abord,  Steffi Kühnert qui exprime avec une grande retenue aussi bien la force psychologique de la mère que sa détresse face à l’inéluctable ou face aux violences soudaines de son mari. Et enfin, Milan Peschel qui s’est glissé dans la peau de Franck avec une infinie justesse. Et qui raconte : « Tout est devenu clair lorsque j’ai commencé à tourner et je me suis intuitivement coulé dans la peau du personnage. Des amis m’ont dit rétrospectivement que je paraissais étrangement déprimé cet hiver-là. J’aurais, dit-on, souhaité que tout cela cesse. « 

Tout au long d’une histoire parfois oppressante, tant les situations sont justes, les dialogues mesurés, on ne peut qu’être ému, ressentir des choses profondes. Ce n’est pas la moindre qualité de ce film.

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