TORPEDO, de Matthieu Donck – 1h29

Avec François Damiens, Audrey Dana, Cédric Constantin, Christian Charmetant
Sortie : mercredi 21 mars 2012
Je vote : 2 sur 5
Quezako ? Un brin paumé dans la vie courante, Michel Ressac voit son existence changer quand il reçoit un appel téléphonique lui annonçant qu’il vient de gagner une soirée avec son idole : Eddy Merckx. C’est pour lui l’occasion de se rapprocher de son père qui lui a transmis la passion du vélo. Mais, pour récupérer ce prix dans un grand magasin de mobilier, il lui faut se trouver une famille.
Et alors ?
Portant le titre d’un rétropédalage qui équipe le premier vélo de biens des belges, ce premier film de Matthieu Donck est une comédie douce-amère portée par la silhouette désormais connue de François Damiens. Comme d’habitude, il est parfait dans ce personnage lunaire d’adulte doux et timide, perdu dans la vie de tous les jours. Un paumé, un looser pathétique vivant de petits métiers et qui s’accroche au rêve fou d’enfin exister au sein de sa famille, grâce à une opération commerciale d’une grande enseigne de mobiliers. « J‘aime bien le nom de mon personnage, dit-il. On pense au ressac de la vague -dont il faut se méfier. »
L’idée de départ est séduisante avec cette famille recomposée pour les besoins d’un jeu. Une famille un rien étrange, prétexte à bien des quiproquos. Si, sur le thème du rapport au père, l’histoire comporte de jolis moments – ainsi quand Michel présente à sa « famille » la maison de son enfance où il regardait passer le tour de France- l’histoire peine à décoller et, comme le camping-car, le spectateur tourne un brin en rond au fil des séquences. La vraie surprise tient en la prestation d’Audrey Dana en « femme de caractère », volontaire et déterminé, qui se laisse embringuer dans ce voyage un peu dingue. Une mention spéciale à Christian Charmetant, parfait en commercial dénué de tout scrupule.
Enfin, l’air de rien, l’histoire montre comment la société de consommation actuelle traite le citoyen lambda. Rien que la séquence d’ouverture du central téléphonique où les opérateurs en batterie draguent le client vaut plus qu’un long discours. Il est alors dommage que le réalisateur n’exploite pas plus cette piste, ce qui aurait donné au film une armature plus solide.
Malgré ses réserves, on peut se laisser bercer par le climat désuet de ce road-movie en forme de leçon de vie. Conclusion du réalisateur : « Le parcours intérieur des personnages rejoint celui qu’ils font à l’extérieur. La destination avait finalement peu d’importance : l’essentiel était qu’ils aillent loin. »
