NORMAL !, de Merkak Allouache – 1h51
Avec Adila Bendimerad, Nouha Mathlouti, Nadjib Oulebsir, Mina Latcher

Sortie : mercredi 21 mars 2012
Je vote : 3 sur 5
Quezako ? A Alger, juste après les émeutes de décembre 2011 et les premières marches pacifistes, un réalisateur Fouzi réunit ses comédiens chez lui. Il veut leur montrer le montage inachevé du film qu’il a réalisé deux ans auparavant avec eux. L’histoire de la désillusion d’une partie de la jeunesse qui a des rêves artistiques et est confrontée à la censure.
Trois raisons d’aller voir ce film ?
Le regard porté sur la société algérienne avec un thème dont on parle peu ou pas au cinéma : celui d’une jeunesse qui se cherche et tente de d’exprimer dans un contexte politique tendu. L’astuce de Merzak Allouache est de le dire à travers des récits mêlés et une mise en abyme entre rêve de création théâtrale, tournage d’un film… « J‘ai mis dans le personnage du jeune réalisateur les doutes qui m’assaillent après avoir tourné de nombreux films en Algérie. Ces doutes constituent aussi une façon de créer une passerelle avec la nouvelle génération de réalisateurs algériens qui évoluent et doivent s’exprimer dans une société de plus en plus fermée où les tabous, la répression, le dénigrement, l’autoritarisme sont érigés comme des barrières infranchissables » déclare Merzak Allouache. Astucieusement, il symbolise tout le poids du pouvoir politique par le ballet incessant et le bruit des hélicoptères qui surveillent Alger en couvrant souvent les voix des protagonistes.
Une distribution surprenante. On découvre au fil de l’histoire toute une série de talents de cette jeune génération de comédiens qui jouent avec une grande justesse, exprime dans un ton très moderne les doutes qui les traversent. « Normal ! » est un terme utilisé très fréquemment dans le langage populaire algérien et particulièrement chez les jeunes. Lorsqu’on ne trouve pas de réponse à une question, c’est ce mot qui apparaît » dit encore Merzak Allouache. Sans effets de manche, tous les acteurs expriment justement ce sentiment de doute.
Un cinéma qui renaît. Malgré des années de trouble politique, de tensions d’une rare violence, un tel film symbolise la vitalité d’un cinéma qui ne demande qu’à éclore. A l’heure où les printemps arabes ont fait souffler un vent d’espoir, ce serait le minimum pour une Algérie encore aux prises avec une vraie censure.

