
OSLO, 31 AOUT, de Joachim Trier – 1h36
Avec Anders Danielsen Lie, Hans Olav Brennet, Ingrid Olava
Sortie : mercredi 29 février 2012
Je vote : 3 sur 5
Ça parle de ? Quittant un jour le centre de désintoxication où il vient de faire une cure, Anders débarque à Oslo pour un entretien d’embauche. Il en profite alors pour revoir amis et familles. Au cours de cette longue journée, il se sent tiraillé par de désirs contradictoires, un mal de vivre certain et erre dans cette ville comme en terrain presque inconnu.
Et alors ? Louis Malle avait déjà adapté le beau roman de Drieu le Rochelle, paru en 1931. Dans cette version, Maurice Ronet y était alcoolique. En prenant le parti de l’unité de jour, celle des grandes tragédies du théâtre classique, Joachim Trier décrit une trache de vie à travers les pérégrinations d’un homme blessé, cultivant la solitude et qui s’interroge sur le sens de ses actes et la possibilité de se reconstruire. Il note : « J’ai voulu que le film ressemble à l’odyssée d’un jour, ce qui évite ainsi de présenter tous les personnages qu’Anders aurait pu croiser, comme ses parents ou même son ancienne petite amie. »
Cette errance d’un homme suicidaire s’inscrit dans un cadre particulier : celui d’Oslo, de ses espaces et de la lumière particulière qui rend le contraste plus fort encore avec les longues séquences de nuit. En extérieur comme dans les bars. Au fil de la journée, dont le temps semble s’étirer, on ressent progressivement cette capitale comme une ville de province, perdue à l’autre bout du monde. Dans un tel décor, presque inhabité parfois, les états d’âme du personnage semblent encore plus lourds.

Reste à ressentir de l’empathie pour Anders au cours de cette journée existentielle. C’est là que réside toute la difficulté d’adapter une telle histoire car, on a parfois du mal à éprouver de l’émotion pour ce jeune homme, beau comme une statue grecque. On se sent même étranger à certaines séquences comme celle de l’anniversaire où la caméra s’attarde sur des gens qui ont les propos insignifiants de ce genre de fête, boivent un coup, se frôlent..
Reste au final un vrai style et certains moments de poésie visuelle – la longue ballade en vélo et la baignade à la nuit tombée dans une piscine- dans cette journée où la vie dispute le terrain à la mort.
