PORTRAIT AU CREPUSCULE, d’Anguelina Nikonova – 1h45
Avec Olga Dykhovitchnaia, Sergueï Borissov, Roman Merinov

Sortie : mercredi 22 février 2012
Je vote: 4 sur 5
Quezako? Marina, 30 ans, est une jeune psychologue mariée à un homme aisé. Pour autant, elle n’est pas vraiment heureuse dans sa vie professionnelle comme dans la vie privée. Après qu’une patrouille de police l’a agressée sauvagement, elle n’a plus qu’une idée : la vengeance. Pour autant, elle agit de façon inattendue…
Pourquoi j’aime ?
Ce film russe vous flanque un coup de poing dans la figure tant l’histoire est forte et inattendue. On peut croire au début à une banale histoire de vengeance mais la cinéaste sait vite nous mener en équilibre sur des chemins étranges où elle brouille les pistes. Et ce d’autant plus que la façon de filmer, avec une caméra nerveuse, souvent tenue à l’épaule, donne un effet de réalisme saisissant à bien des séquences. Et confèrent à certains passages une violence insoutenable qui ne peut que mettre mal à l’aise. Anguelina Nikonova revendique le désir de créer un malaise. Ne dit-elle pas : . « Je préfère les personnages controversés et ambigus aux situations manichéennes. » On ne peut qu’être saisi par la description brutale d’une société russe en décomposition où la misère la plus noire se mêle à une richesse de parvenus. Une société dévorée par les combines. Noir, la vie y est vraiment noire. Un sentiment d’autant plus fort que la cinéaste montre à touches régulières comment l’indifférence gangrène toutes les relations sociales.

Elle est servie dans sa mise en scène par des acteurs dont le jeu exprime une vraie profondeur. Olga Dykhovitchanaia en tête qui cumule les fonctions de coscénariste, coproductrice et… actrice principale du film. Elle décrit ainsi Marina : « C’est une femme qui n’a plus peur car elle a déjà subi le pire qui puisse lui arriver. Du coup, la peur n’a plus de prise sur elle et ses angoisses laissent place, non pas à la haine ou à la colère, mais à la compassion et à l’amour. Et donc, la seule chose qui la distingue des autres femmes, c’est l’absence de peur. » In fine, la manière dont la victime se joue de son bourreau ne peut que provoquer bien des réactions. Ce n’est pas le moindre mérite d’un film provocateur et atypique.
