« LA MARTINIQUE AUX MARTINIQUAIS » – L’AFFAIRE DE L’OJAM – 2h08
Film documentaire de Camille Mauduech
Sortie : mercredi 15 février 2012
Je vote : 3 sur 5
Quezako ? .Devenue département français d’Outremer en 1946, la Martinique voit apparaître en 1962 un slogan qui fait grand bruit sur les murs : « La Martinique aux Martiniquais ». L’OJAM, Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique, manifeste ainsi sa volonté nationaliste. Dix-huit jeunes de l’OJAM sont inculpés en février 1963 pour complot et atteinte à l’intégrité du territoire national. Construit sur la confrontation de nombreux témoignages d’acteurs de ce mouvement politique, ce film retrace cette affaire en la mettant en perspective.
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Camille MAUDUECH – LA MARTINIQUE AUX MARTINIQUAIS par gildeg
Et alors ? Autant l’avouer tout de go : cette histoire m’était quasi inconnue. Au fil d’un film un peu long mais construit uniquement sur le choc des témoignages de la plupart des acteurs de ces évènements, qui s’imposent comme les narrateurs du film, sans voix off, et dévoilent bien des zones d’ombre de cette affaire, on découvre une page oubliée de l’histoire de la Martinique. De cette liberté laissée au spectateur naît l’obligation, exigeante au demeurant, de ne pas subir un récit mais de se faire une opinion dans ce kaléidoscope d’informations.

De plus, et même si son doc est centré sur ce département français, la réalisatrice montre bien comment existent alors des ramifications entre divers évènements historiques. « Il y a une interface forte entre Paris, la Martinique et l’Algérie qui fait tout l’intérêt de cette histoire » dit-elle. De fait, on ne peut comprendre l’essor de ce désir d’indépendance en le déconnectant des guerres révolutionnaires qui ont nourri les années 60. Ainsi, certains protagonistes, proches du PC, reviennent sur l’influence de la révolution cubaine par exemple.
In fine, cette œuvre engagée brise certains clichés dont sont encore victimes aujourd’hui les Antilles et offrent des résonances avec la situation actuelle. Elle ajoute : « Je ressens aujourd’hui le besoin de m’intéresser à des sujets que je considère « utiles », qui m’apporte de la satisfaction intellectuelle et le sentiment de contribuer au nécessaire devoir d’histoire. » Un documentaire parfois austère mais qui éclaire avec talent une page oubliée de notre histoire.
