TATSUMI, L’HOMMAGE A UN GRAND DU MANGA

TATSUMI, d’Eric Khoo – 1h36

Des images d'une grande beauté (copyright_zhao Wei Films.jpg)

Directeur d’animation créative  Phil Mitchell

Mercredi 1er février 2012

Je vote : 3 sur 5

L’histoire ? En s’inspirant de ces mangas et de son autobiographie de 800 pages, Eic Khoo rend hommage à Yoshihiro Tatsumi, célèbre auteur  japonais qui inventa en 1957 le terme gekiga (« images dramatiques »). Par la même, il bouleversa les codes de l’univers du manga qui proposait avant aux enfants des dessins et des contenus plus aseptisés.

Et alors ? On ne peut qu’être sous le charme et ébahi par le travail accompli par Eric Khoo et Phil Mitchell qui signent, ici, un hommage digne de cet auteur. Le réalisateur raconte : « Yoshihiro Tatsumi ne se contente pas d’être un conteur accompli. Il est également un observateur incroyablement astucieux et honnête de l’amour, de la vie et de la condition humaine. Et ses observations me hantent et me troublent aujourd’hui. » A travers ces plusieurs récits -le film est chapitré à la façon d’un livre- le spectateur (re)découvre tout le Japon moderne, marqué par le drame des années de guerre.

(copyright_Zhao Wei Films)

Formellement, avec ce mélange d’images désuètes mais où éclatent parfois des couleurs vives conférant un côté vrai, vivant à ce récit, ce film d’animation est un  régal. A cet égard, le début du récit, qui nous plonge dans le pays traumatisé par la bombe atomique et les horreurs de la guerre, est un véritable coup de poing visuel. Comme, au terme de longs pourparlers, Tatsumi en personne a accepté d’assurer la voice-over pour les chapitres sur sa vie, le propos n’en est que plus fort.D’autant plus que ce film apparaît aussi comme un hommage au néo-réalisme dont Tatsumi fut, lui-même, amoureux.

Eric Khoo et Yoshihiro Tatsumi (crédit Rory Daniel)

La réserve vient surtout de la deuxième partie du film, évoquant les relations amoureuses, les fantasmes d’un auteur dont le contrat vient d’expirer chez son éditeur. On y ressent comme une baisse de tension malgré la beauté des images qui gardent toute leur force. Sans doute, cette partie a t-elle une résonance culturelle et sociologique plus forte chez un public japonais qui doit ressentir plus intimement les sentiments alors exprimés. Au demeurant, ce film d’animation me semble incontournable…

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