MARINA HANDS, CAVALIERE REBELLE

SPORT DE FILLES, de Patricia Mazuy – 1h41

avec Marina Hands, Josiane Balasko, Bruno Ganz, Isabel Karajan

Sortie : mercredi 25 janvier 2012

Je vote : 3 sur 5

C’est quoi ? Virée de l’élevage qui l’employait pour s’être opposée à la vente d’un cheval d’obstacle qui lui était promis,  Gracieuse, très bonne cavalière mais dotée d’un caractère très entier,  trouve un job comme simple palefrenier dans le haras de dressage proche de la ferme de son père qui a accepté en retour de  vendre un terrain. Elle y croise  un  entraîneur allemand de renommée mondiale, Franz Mann, ancien champion rusé mais usé. Pour arriver à vivre son rêve de conduire un cheval au sommet, Gracieuse est prête à vivre hors-la-loi.

Gracieuse, une révoltée qui reste à cheval sur ses principes...

J’ai aimé.

La manière dont Patricia Mazuy, sur un scénario de Simon Reggiani avec lequel elle co-réalisa Basse Normandie,  parvient à faire découvrir ce petit monde du dressage de haut niveau, avec ses codes, ses castes, ses interdits. Nouveaux riches et vrais aristocrates se mêlent dans ce monde de sport et de fric où l’humiliation est quotidienne. A cet égard, l’histoire est aussi symbolique des types des rapports sociaux actuels.

La description d’une passion. D’abord tentée par l’équitation de haut niveau, Marina Hands parvient à nous faire comprendre les désordres intérieurs de Gracieuse qui est prête à toutes les folies pour satisfaire sa passion alors que, socialement, rien ne la prédestine à accomplir pareil rêve. Dans ce nouveau registre de jeu, elle montre ses grands talents de comédienne et retrouve l’univers du cheval qui fut sa première vocation.

Le personnage de Franz Mann, vieux cheval de retour de l’équitation. Sans rien connaître vraiment au milieu, Bruno Ganz campe un vieil homme encore vert, qui, recouvre, au contact de Gracieuse, fierté et orgueil. « La passion des chevaux est parfois la conséquence de rapports humains compliqués. Gracieuse ne s’intéresse pas au monde car il est cruel avec elle« , dit-elle. Intéressant aussi les relations tissées avec ces femmes qui le tiennent sous sa coupe, notamment la patronne du haras, Joséphine de Silène (Josiane Balasko, parfaite dans le rôle de cette duègne). « Ce que j’ai tout de suite saisi, c’est le rôle central de l’argent. Il conditionne le rapport entre les gens » note Bruno Ganz.

La patronne et son entraîneur-amant (Josiane Balasko et Bruno Ganz)

La musique de John Cale. Explications de la réalisatrice : « Les accords sont les dialogues que Gracieuse ne dit pas. «  A vous de juger sur écoute.

J’ai moins aimé.

Certaines facilités du scénario. Si l’on embarque dans la folle odyssée de Gracieuse pour gagner le concours en Allemagne, quitte à être hors-la-loi, il y a de vraies invraisemblances dans le récit. Visuellement intéressant, le fait de transformer Gracieuse en une espèce de pirate avec son bandeau sur l’œil n’est pas très crédible : comment conduire toute cette route avec une telle blessure ? La force de la volonté ne suffit pas. De même, la « happy end » amoindrit tout le propos du film et cette description des règles dures d’un milieu si cloisonné. Au demeurant, il reste une film et un scénario que l’on ne voit pas souvent dans le cinéma français.

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