ALBUM(S) D’AUSCHWITZ
Documentaire de William Karel et Blanche Finger
France 2, mardi 24 janvier 2012, 22.45
Mon avis : 4 sur 4
A l’heure où des esprits tordus parlent encore de la déportation comme d’un point de détail, ce documentaire vient apporter, s’il en était besoin, des preuves incontournables. Avec l’histoire mêlée de deux albums de photos : l’un sur les victimes, l’autre sur les bourreaux qui se « détendaient » après avoir travaillé dans le camp de la mort. Parfois insoutenable mais nécessaire.
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Albums par flachfilm
Ce documentaire raconte les histoires croisées de deux albums de photos. Comme celles d’un vieil album de famille à un détail près : ces clichés sont ceux de l’horreur et sont l’œuvre d’officiers SS. Il y a d’abord celui découvert par Lili Jacob, jeune fille juive rescapée au camp de Dora en 1945. Dans un meuble, elle découvre un album dont les 189 mages décrivent l’arrivée à Auschwitz, le 26 mai 1944, d’un convoi de juifs hongrois. Elles montrent les dernières heures précédant le meurtre dans les chambres à gaz de la plupart d’entre eux. Faisant partie de ce convoi, Lili Jacob reconnaît même ses deux frères, qui ont fait partie des premières victimes.

D’autre part, il y a l’album d’un officier SS, commandant-adjoint du camp, Karl Höcker. Il a été retrouvé en 2007 et est composé de 116 clichés pris durant le mois de mai 1944 et qui montrent les plages de détente des nazis, responsables du camp d’Auschwitz. Moments de repos, joyeux moments de musiques et de drague : rien de fait défaut dans ce cahier de vacances pas comme les autres. En confrontant les deux albums, en forme de négatif l’un de l’autre, ce documentaire tout à fait stupéfiant montre le quotidien à Auschwitz, côté victimes, et côté bourreaux.

Nourrissant leur documentaire des propres commentaires de Lily Jacob dans un ancien documentaire – elle a immigré aux Etats-Unis où elle est morte en décembre 1999- et de reportages sur la traque et le procès de certains des SS d’Auchwitz, ce documentaire est une pièce indispensable pour le devoir de mémoire. Comme le déclarent les deux réalisateurs : « Toutes les photographies sont d’une importance cruciale : elles sont une preuve incontestable de ce qui devait être effacé de la mémoire des hommes. »
