LE MIROIR, de Jafar Panahi – 1h34
Sortie : mercredi 21 décembre 2011
Je vote : 4 sur 5
L’histoire ? Alors que sa mère est en retard pour venir la chercher à l’école, la petite Mina décide de regagner toute seule sa maison à Téhéran. Mais, elle ne connaît pas son adresse…
Et alors ? On redécouvre ici, dans une version restaurée, un grand film de Jafar Panahi, sorti en 1997. L’occasion de retrouver le style d’un cinéaste aujourd’hui condamné au silence en Iran. Tout le style du cinéaste est contenu dans cette histoire où la petite Mina incarné l’esprit de désobéissance et de lutte contre le monde des adultes. En suivant au ras du bitume les errances de cette petite fille, Panahi en dit long sur un pays, ses interdits, ses inégalités, la violence de l’univers urbain, bruyant et pollué…
« Dans les films d’enfants, dit-il, il y a automatiquement un monde doux, le regard est innocent, et tu dois rester proche de cette ambiance même si tu veux parler des choses amères et dures. Le monde des adultes est forcément plus cruel. J’ai vécu dans les quartiers difficiles dont la situation économique et sociale est rude : je les ai touchés et cela a influencé mes premiers films. » Rien que dans la séquence du bus, où hommes et femmes sont séparés, où une petite fille, même si elle est perdue, doit monter à l’arrière, Panahi montre beaucoup sans souligner à l’encre rouge.
Et puis, il y a la mise en abyme du milieu de l’histoire et le retournement surprenant qui nous permet de plonger au cœur d’un film en construction. A cet égard, la révolte de l’enfant, remarquablement interprété par Mina Mohamad-Khani et dont le simple regard dit beaucoup, face au cinéaste (Panahi lui même) offre toute une allégorie sur le cinéma à travers une œuvre profondément politique.

En découvrant ce Miroir, le spectateur soutient un cinéaste condamné au silence et qui ne peut plus tourner aujourd’hui en Iran tout en découvrant un film original et fort. Allez-y !
