POUR L’HONNEUR D’UN SAMOURAÏ

HARA-KIRI,  Mort d’un samouraï, de Takashi Miike avec Ebizo Ichikawa et Eita

Sortie : mercredi 30 novembre 2011

Je vote : 4 sur 5

Quezako ? Hanshiro, un samouraï désargenté, veut accomplir un suicide rituel dans la résidence du clan Li, dont le chef est Kageyu. Pour le décourager, celui-ci lui raconte le destin tragique d’un jeune ronin, Motome, venu le voir récemment avec la même requête. Malgré le traumatisme du récit de sa fin, Hanshiro persiste mais demande à être assisté dans cet hara-kiri par trois lieutenants de Kageyu. Or, les trois sont mystérieusement absents.  Vient l’heure pour Hanshiro de raconter les liens qui l’unissent à Motome. De quoi bouleverser les codes de la chevalerie des samouraïs, si murés dans leurs certitudes…

Et alors ? En faisant le remake du film célèbre de Masaki Kobayashi, Takashi Mike revient à une épopée après son 13 Assassins en plongeant son inspiration aux racines de la culture nippone. Toute la force de son traitement est de plonger au cœur de la souffrance humaine en opposant univers domestique (l’enfant et la femme malade, les problèmes de ressources) et l’univers militariste réglé comme du papier musique.  C’est de l’affrontement entre ces deux pôles diamétralement opposé que naît la petite musique de tristesse de ce film.  Et il réussit parfaitement à nous faire ressentir « des larmes de compassion pour les problèmes des autres », même si, culturellement, nous sommes aux antipodes. La montée en tension vers la fin du film et le nécessaire dénouement le katana à la main n’en est que mieux mené car Mike n’utilise pas la violence gratuitement ce qui rend certains séquences d’autant plus dures à voir que le sang n’y est jamais gratuit. Par une certaine description du code de l’honneur guerrier, cet Hara-Kiri se situe dans la lignée de films comme Duellistes où la sujétion à de telles valeurs va jusqu’à l’absurdité.

Il faut aussi parler de la mise en scène, superbe, du cinéaste qui se joue des clairs-obscurs comme des couleurs vives dans une fluidité de la réalisation qui sait aussi bien prendre le temps d’installer un plan fixe que de jouer sur la virtuosité du mouvement comme dans la séquence finale. Où l’on retrouve toutes les vertus du film chambra, ou film de samouraï. Avec, en morceau de choix, des scènes de duels avec la neige en toile de fond.

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Enfin, il y a la musique obsédante qui accompagne cette tragédie : elle est signée d’un maître du genre,  Ryuichi Sakamoto. Pour l’évoquer, Mike souligne : « Les âmes des personnages crient dans cette bande son. » C’est bien vu.

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