LE CONDAMNE A MORT

TOUTE MA VIE [EN PRISON],  de Marc Evans

Sortie : mercredi 23 novembre 2011

Je vote : 3 sur 5

Quezako ? A travers la vie de Mumia Abu-Jamal, détenu dans les couloirs de la mort aux Etats-Unis, ce documentaire décrit avec force détails les rouages de la machine carcérale américaine.

Et alors ? Réalisateur de nombreux films, dont le remarqué Snow Cake (2006), Marc Evans s’attaque ici à un défi : à partir du cas de Munia Abu-Jamal, condamné à mort pour le meurtre d’un policier de Philadelphie le 9 décembre 1981, il plonge dans le mécanisme judiciaire américain tout en dévoilant tout un pan de l’histoire sociale et politique des Etats-Unis.

Le cas de Munia, journaliste et ancien Black Panther (ce mouvement politique en faveur du droit des Noirs) condamné à mort au terme d’une enquête dont bien des détails soulèvent des questions, est traité de manière originale par Marc Evans.

Le cinéaste suit le voyage  mené par William Francome, jeune anglais né le jour du meurtre, et qui va aux Etats-Unis pour rencontrer tous les acteurs du drame, y compris Munia, même si aucune caméra n’est autorisée à le suivre dans l’enceinte de la prison du condamné à mort. On passe ainsi du rappeur Snoop Dogg au philosophe Noam Chomsky, via Angela Davis, grande figure de la contestation noire, qui évoquent, chacun à leur manière, la cas Munia Abu-Jamal, devenu, au fil des ans, le symbole de la lutte contre la peine de mort. Il  a, à deux reprises, échappé à l’exécution grâce à la mobilisation internationale en 1995 et 1999.

Le réalisateur Marc Evans

Un travail fondé sur le rapport publié par Amnesty International et qui montre les zones d’ombre de son procès suite à une enquête bâclée et donc invalidant la peine, quelque que soit la culpabilité de Munia. Dépassant son « simple » cas, ce documentaire replace l’affaire dans le contexte économique et social des Etats-Unis, en décrivant notamment toute une atmosphère de haine contre les revendications noires, dont un des exemples les plus cruels et le bombardement organisé sur un quartier de Philadelphie en 1985 et où s’étaient regroupés des activistes noirs.

Avec un montage résolument moderne par l’utilisation de multiples types d’images -animation, caméra à l’épaule…- le parti-pris des illustrations musicales puisant aux sources du rap et du hip-hop notamment (mais pas seulement), ce documentaire fort , même si le témoignage du principal intéressé sur l’affaire fait défaut pose beaucoup de questions sur une démocratie qui compte encore 3250 condamnés dans les couloirs de la mort…  Mais, explorant bien des pistes, parfois anecdotique (avec les rappeurs notamment), il exige un effort certain d’attention pour ne pas être perdu.

Les incidents sanglants de Philadelphie en 1985

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