TAHAR RAHIM, LE REBELLE DU DESERT

OR NOIR, de Jean-Jacques Annaud

Avec Tahar Rahim, Antonio Banderas, Mark Strong, Freida Pinto

Sortie : mercredi 23 novembre 2011-2h10

Je vote : 2 sur 5

Quezako ? C’est l’histoire d’une métamorphose d’un jeune prince, Auda (Tahar Rahim) dans l’Arabie des années 30. Promis à une vie d’études, et à sa passion pour les livres, il est plongé au cœur d’un conflit avec la découverte du pétrole en toile de fond. A lui de choisir alors entre deux ennemis qui ne voient pas l’avenir de la même manière. Celui qui est son père de sang, le sultan Amar, austère (Mark Strong) et celui qui l’a élevé dans une prison dorée où il lui sert d’otages, le beau Nesib (Antonio Banderas).

Et alors ? C’est le retour de Jean-Jacques Annaud après l’échec de Sa Majesté Minor (2007). Cette fois, il retrouve ce qui fait son image de marque : les histoires qui marient l’épopée et le romantisme, la violence et le lyrisme, les grands espaces.  D’emblée, on pense à une autre superproduction qui avait les sables pour toile de fond : Lawrence d’Arabie, de David Lean. Même souffle d’aventures, même opposition de caractère, même portrait d’une leader charismatique que sa personnalité ne prédisposait pas à l’origine à jouer

les chefs de guerre… Le cinéaste y ajoute une touche plus moderne dans l’analyse de deux islams, l’un symbolisé par son vrai père (le progressiste), l’autre incarné par son père adoptif (le progressiste). Avec l’enjeu, toujours moderne, de la conquête du pétrole, nerf de guerre de l’industrialisation des pays dit « développés ».

Tahar Rahim métamorphosé en chef de guerre

D’emblée, on retrouve la touche d’Annaud dans les spectaculaires scènes d’action : séquences aériennes comme celles de combat au creux des dunes. Notamment dans l’affrontement avec les automitrailleuses lancées au milieu du sable et dont la défaite sonne le début de la reconquête du prince Auda. Sans parler des charges avec quelques 500 chevaux et 300 chameaux.

Le casting est aussi soigné. Avec un sourire gourmand, Antonio Banderas se glisse dans la peau du prince Nesib, aussi charmeur que retors. Quant à Mark Strong, il est parfait en prince arabe austère qui refuse de voir les étrangers prendre possession de ce désert millénaire. Un désert que Jean-Jacques Annaud a filmé abvec brio au Qatar, en se jouant des problèmes techniques. Il raconte :  » C’est le seul endroit du monde où je pouvais trouver le décor naturel d’une séquence capitale. Vous êtes en repérage, dans ce désert d’une aridité farouche et, soudain, au détour d’une dune, c’est la mer! Paysage grandiose et logistique infernale! Compliqué, très compliqué de conserver 40km2 de terre intacte, chaque mouvement d’acteurs, chaque afflux de curieux violait le sable vierge… »

Antonio Banderas joue le père adoptif de Tahar Rahim

Et puis, il y a Tahar Rahim, dont on suit toutes les aventures depuis sa révélation méritée dans Le Prophète, de Jacques Audiard. On le sent plus à l’aise quand il joue Auda, vouant sa vie aux livres et à la culture que lorsqu’il se métamorphose en chef de guerre. Il est vrai, certains moments comme celui de sa résurrection dans le camp des bédouins semblent un brin caricaturaux et ne facilitent pas la crédibilité de son jeu. Là où le film pêche c’est dans les passages romantiques comme les scènes d’un harem qui fait vraiment décor aseptisé. De même, si l’on est ravi de retrouver Liya Kédébé, remarquée dans Fleur du désert, en 2009, ce pamphlet contre l’excision, sa beauté sauvage correspond moyennement à l’image de l’esclave retenue et martyrisée dans un camp de bédouins.

Pour autant, les amateurs d’épique et de grands espaces ne bouderont pas leur plaisir même si Jean-Jacques Annaud ne peut rivaliser avec le souffle des œuvres d’un David Lean.

Liya Kédébé, une esclave qui se révolte

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