Irak : Les enfants sacrifiés de Falloujah
de Feurat Alani
Lundi 31 octobre, 22.45, sur Canal +
Mon avis : 3 sur 4
Avec ce nouveau documentaire fort et poignant de Spécial investigation, Canal + ouvre une page sombre du conflit irakien. Où la guerre dite « propre » ne le fut pas vraiment…
A une cinquantaine de kilomètres de Bagdad, Falloujah -ville irakienne célèbre pour avoir été le théâtre d’une bataille meurtrière en novembre 2004- présente un triste record : on estime qu’un enfant sur cinq y naît avec une malformation physique congénitale. Images -très dures- à l’appui, Feurat Alani, dont les parents sont originaires de Falloujah, est revenu dans une quasi clandestinité dans une ville où l’on n’entre qu’avec un visa spécial pour comprendre. Interroger les habitants mais aussi d’anciens marines. Et voir si, au final, ces malformations d’un côté, ces maladies de l’autre (les cancers de certains militaires notamment) ne seraient pas la conséquence de l’utilisation d’armes non conventionnelles par les forces alliées. Notamment d’obus à l’uranium appauvri et des bombes au phosphore. Son reportage est accablant pour ceux qui ont habilement lancé le marketing de « la guerre propre ».
Les Marines touchés aussi

On a bel et bien expérimenté des armes dans ce conflit meurtrier il y a sept ans. Quand on revoit les images d’archives où les marines se marrent quand une bombe éclate causant de gros dégâts, ils ne se doutaient pas alors qu’ils paieraient, eux aussi, dans leur chair les conséquences de pareilles expérimentations militaires.

Si les images des enfants abîmés dans leur chair de Falloujah sont terribles, celles de soldats américains qui voient leur état de santé se dégrader lentement ne fait que renforcer ce malaise. D’autant plus que le Pentagone n’a pas l’air de se soucier vraiment de leur sort. Pire, on découvre que l’uranium appauvri est en fait une manière de recycler à moindre prix les déchets radioactifs, provenant de la fabrication du combustible nucléaire. Au final, au nom d’une guerre juste et propre, l’armée américaine aurait irradié ses hommes en toute connaissance de cause. Ce qui fut pudiquement nommé le « syndrome de la guerre du Golfe » continue donc d’être oublié par les autorités militaires ce qui provoquent le courroux de vétérans qui se sont engagés au combat sans que jamais leur hiérarchie ne les informent des risques possibles.
Plus inquiétant; aujourd’hui, seuls la Belgique, l’Irlande, le Costa Rica et la Nouvelle Zélande ont banni ce type d’armements. Donc, tant qu’une convention internationale n’interdira pas l’utilisation d’uranium appauvri, missiles et autres bombes pourront être expérimentés en toute tranquillité. Or, comme le note un professeur de sciences et techniques, qui bossa trente-cinq ans dans l’armée américaine, Doug Rokke : « L’uranium appauvri est une arme nucléaire. C’est une bombe sale. » Idéal pour une sale guerre…

