LA LECON D’AMOUR DE CHRISTOPHE HONORE

LES BIEN-AIMES

de Christophe Honoré

Ludivine Sagnier en version très rétro

Sortie : mercredi 24 août 2011

Je vote : 3 sur 5

Quezako ? Madeleine, puis sa fille Véra, qu’elle a eue avec un étudiant en médecine tchèque, un portrait de l’amour dans tous ses états du Paris des sixties au Londres des années 2000.

Et alors ? On pourrait résumer ce film par le célèbre vers d’Aragon : « Il n’y a pas d’amour heureux », en y ajoutant vite : « Mais la vie vaut la peine d’être vécu, justement parce que l’amour est plus fort que tout ». Sur cette philosophie de vivre, en apparence pas très originale, Christophe Honoré signe un nouvel opus touchant avec une promenade dans la Carte du tendre, qui s’étale sur 45 ans! Rien de moins. Bourrée clins d’œil au cinéma – des films de Demy au Truffaut de L’homme qui aimait les femmes- cette comédie dramatique parvient à se jouer des atmosphères vintage sans tomber dans des chromos déjà vus. Errances sur les sentiments, leurs joies et leurs souffrances, Honoré signe quelques beaux portraits notamment de femmes à travers les trois silhouettes incarnées par Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni et Catherine Deneuve, absolument impeccable dans ce rôle de mère qui assume sa liberté, malgré les souffrances ponctuelles. Même s’ils paraissent plus faibles, les hommes ne sont pas en reste dans cette histoire avec le personnage du père volage (étonnant Milos Forman), du musicien bisexuel(Paul Schneider déjà vu dans La Belle Personne) et de celui de l’amoureux transi (Louis Garrel), le seul d’ailleurs qui frise la caricature. Mention spéciale à Michel Delpech qui n’est pas ridicule, loin de là, dans sa partition.

Milos Forman Catherine Deneuve, admirable, et Chiara Mastroianni

Honoré déclare : « A travers les sentiments, mon envie, mon projet, était de parler d’une manière, je l’espère pas trop symbolique, de deux générations, celle de mes parents et la mienne, avec cette idée que la vulnérabilité, étrangement, est plutôt du côté des plus jeunes. »


Par une mise en scène léchée, un sens consommé des liens aériens entre les séquences et les époques, un usage astucieux des gros plans et une utilisation efficace des moments chantés, Christophe Honoré réussit son pari haut la main. Signées Alex Beaupain, les chansons ménagent quelques beaux moments poétiques, émouvants… Au final de ce film un peu long (2h15), on regrette juste la morale finale. Comme si le cinéaste avait du mal à échapper au piège d’un péché, lié à une vie différente. A cet égard, le parcours de la jeune femme incarnée par Chiara Mastroianni – en dire plus serait un mauvais coup fait au film- ne pouvait pas se conjuguer avec le bonheur. C’est cette ambiguïté qui, au final, peut dérange. Comme si l’amour fou ne pouvait que se conjuguer à la mort. C’est, à mes yeux, une des limites de ce film au demeurant réussi.

A SIGNALER
Pour prolonger le plaisir provoqué par le film, 
on peut se procurer le CD 
de la musique originale avec les voix de
Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier et, 
bien sûr, Catherine Deneuve. De la belle 
ouvrage (Disque Naïve)
 
Et si les histoires d'amour finissaient mal... en général ? (Rasha Bukvic et Ludivine Sagnier)

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