PETRUCCIANI OU LA LEÇON DE VIVRE

MICHEL PETRUCCIANI

de Michael Radford

Sortie : mercredi 17 août 2011

Je vote : 4 sur 5

Quezako ?  Retour sur la vie d’un pianiste inspiré, frappé d’une maladie lui laissant peu d’espoir de vieillir, Michel Petrucciani, mort en 1999. Un document nourri du témoignage de ses proches, de ses amis musiciens et de son fils, lui-aussi atteint de la même maladie.


Et alors ? « Pour moi, c’est mon père, mon héros, mon exemple, ma fierté et mon courage, mais pour les autres? Peut-être un espoir, une émotion, un sentiment partagé, ou encore ce que l’on appelle un « génie«  » dit fort à propos de son père Alexandre Petrucciani. Il fait partie des nombreux témoins qui ont accepté de parler à Michael Radford de ce pianiste précoce qui a marqué l’histoire du jazz avant d’être emporté à seulement 36 ans en 1999 et qui repose au cimetière du Père Lachaise… aux côtés de Frédéric Chopin. De fait, Petrucciani, c’est une forme de virtuosité habitée comme le montre avec un tact infini ce documentaire qui évoque le personnage, ses folies, son énergie brute, sa maladie. Le pianiste était frappé d’une ostéogenèse imparfaite ou maladie des os de verre. Ce qui explique, comme le racontent certains de ses partenaires musiciens, qu’il lui est arrivé de se briser un os durant un concert, même s’il continuait à assurer le show.

A travers tous ces témoignages et à travers les interviews de Petrucciani lui-même, on découvre un personnage complexe mais pas complexé, un séducteur, un homme qui a vécu mille vies, quitte à précipiter sa fin. Car, s’il est un artiste qui a consumé ses jours, ce fut Petrucciani. Un génie, un pianiste précoce dont l’agilité de la main droite laisse pantois. Comme le note Terry Clark, trompettiste américain : « à l’âge de 13 ans, il jouait comme un vieil homme noir perdu dans un piano bar quelque part à Mexico ». La grande réussite de Michael Radford, c’est de restituer le formidable appétit de vivre de ce musicien tout en montrant comment il a révolutionné le jazz. A cet égard, la scène où il choisit un nouveau piano chez le fabriquant en Allemagne est exemplaire. Bref, un solide documentaire sur un artiste d’une folle énergie. La leçon de musique se double ici d’une belle leçon de vivre. Et ce n’est pas la moindre qualité de l’opus de Michael Radford qui a fait un travail pointu de recherches pour livrer un film porté par le montage au rythme musical et enlevé d’Yves Deschamps.

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