OMAR M’A TUER
de Roschdy Zem
Sortie : 22 juin 2011
Je vote 3 sur 5
Quezako ? Le biopic sur la vie d’Omar Raddad, un jardinier marocain accusé d’avoir tué sa patronne Ghislaine Marchal en 1991 sur le seule foi d’une inscription inscrite avec le sang de la victime : « Omar m’a tuer ». Un homme qui fut gracié, mais non innocenté en 1996.
Et alors ? Passant derrière la caméra, Roschdy Zem a pris le parti de suivre son personnage de près en captant avec pudeur et distance les désarrois d’un homme, parlant très mal le français, pris dans un tourbillon judiciaire qui le dépasse. La lumière n’ayant toujours pas était faite sur l’affaire quand apparaît le visage du vrai Omar à la fin du film, on se prend à rêver que ce film puisse pousser à ce que lumière soit faite sur ce fait-divers qui fit couler tant d’encre. Le projet remonte à cinq ans quand Roschdy Zem tourna avec Sami Bouajila -qui incarne Omar- sur le tournage d’Indigènes.

Pour incarner le personnage du jardinier, Sami Bouajila s’est immergé dans son histoire comme il le raconte : « Quand je tourne, je « sers » le rôle au premier degré. Et je ne pouvais incarner Omar qu’avec la certitude qu’il a subi une injustice. Ne serait-ce que pour pouvoir montrer ce que cela signifie de se faire écraser par un système qui nous échappe, d’être un moins-que-rien au cœur de ce système. C’est l’histoire du pot de terre contre le pot de fer. »
Si la mise en scène n’a rien de révolutionnaire, le film fonctionne parfaitement. Et la direction d’acteurs n’est pas étrangère à sa force. Outre Sami Bouajila, absolument splendide dans la peau du jardinier, il y a une brochette d’acteurs tout à fait remarquable de naturel. D’abord Maurice Bénichou, étonnant dans la peau de maître Vergès mais aussi Denis Podalydès qui prouve, une fois de plus, l’étendue de son talent, qui campe Pierre-Emmanuel Vaugrenard ,

le romancier académicien dont le livre a inspiré le scénario du film (Jean-Marie Rouard). Autant de comédiens qui confèrent une vraie force à cette reconstitution. Mot de la fin à Roschdy Zem qui déclare : « J’espère ainsi semer de l’ambiguïté autour de l’ancien jardinier : « Maître Vergès dit que Raddad est un homme étonnamment calme, froid, étrange même et que c’est sûrement pour cette raison, que certains le croient coupable. »

