Robinson en vrai parano

LES AMANTS NAUFRAGES

Robinson Stévenin se glisse dans la folie de Stan

de Jean-Christophe Delpias

France 3, mardi  14 juin 2011, 20.35

Cœeurs : 2 sur 3

Ex, mécanicien se rêvant écrivain, Stan (Robinson Stévenin) a tout pour être heureux : son premier manuscrit, posté à un grand concours littéraire, a été sélectionné.  Il y décrit l’enfer de la jalousie. Mais voilà : dans sa vie de couple avec Mathilde, mannequin en pleine ascension vers la gloire, il vit les affres de cette sinistre jalousie…

Mon avis : Adapté d’un roman de Boileau-Narcejac, ce premier téléfilm (on découvrira la semaine suivante La Vie en miettes signé-  déroule une intrigue au mécanisme d’horloge. Sans renier des clins d’œil à des classiques mythiques comme L’Enfer, de Clouzot, récemment re-sorti de l’oubli, Jean-Christophe Delpias filme de façon insidieuse les tourments de son héros pris dans les tourments d’une jalousie dont l’issue ne peut être que dramatique. Et ce, sans forcer le trait, et en se permettant au gré des séquences de distiller un certain humour : un humour qui ne fait que renforcer l’atmosphère lourde d’une lente mais inexorable descente dans la paranoïa. 

Mathilde (Jennifer Decker) et Stan

                                                « Pris au piège avec lui. »

Portant le personnage d’amant meurtrier, Robinson Stévenin est splendide dans son interprétation sensible et profonde d’une névrose. Sans accentuer le trait, il nous permet de plonger dans les désarrois de son cerveau torturé.  « J’aime cette histoire car elle est proche de nous et que l’on peut tous se perdre comme Stan. On est dans une subjectivité totale : on reste dans son point de vue, pris au piège avec lui. »


Rencontré sur le tournage de L’Armée du crime, de Robert Guédiguian en 2009 -il était alors premier assistant, Jean-Christophe Delpias réussit à merveille à capter un engrenage infernal et ménage quelques beaux moments de rebondissements dans le face-à-face avec Simon Abkarian (lui aussi de l’aventure avec Guédiguian). Le dénouement se faisant sans l’intervention des flics est une ultime astuce dans cette histoire de parano à la dDesérive. Avec en toile de fond, les références astucieuses aux difficultés d’écrire. Mêlées à la difficulté d’être, cela fait tout le sel d’un téléfilm qui sort de l’ordinaire des productions télévisées.

La jalousie dans un miroir


DES AUTEURS PROLIFIQUES

Pierre Boileau et Thomas Narcejac ont formé à partir de 1948 un tandem de choc de la littérature policière. Ils vont marquer le polar français durant quatre décennies.  Bossant à quatre mains, Boileau se consacra plutôt à l’intrigue laissant à Narcejac le soin de peaufiner la psychologie des personnages. Leur deuxième opus, Celle qui n’était plus, sorti en 1952 connaîtra une seconde vie au cinéma avec l’adaptation signée Henri-Georges CLouzot : Les Diaboliques.  Des adaptations, il y en aura bien d’autres. Le duo signa aussi l’écriture de scénarios, dont Les Yeux sans visage, chef d’œuvre de Georges Franju. Un an après la disparition de Pierre Boileau, en 1990, est sorti leur dernier roman, Le Soleil dans la main. Quant à Narcejac, il a tiré sa révérence en 1998.

Boileau-Narcejac : le duo qui voit noir

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