Être femme sous Franco

Même si le film est « daté », le propos sur l’avortement, quand on voit les campagnes actuelles pour revenir sur la loi, reste d’une cruelle actualité. Et quand Maria passe au Portugal, une autre dictature -Marcelo Caetano dirige le pays depuis 1968 après le retrait de Salazar, et la révolution des œillets n’a pas encore eu lieu (ce sera chose faite le 25 avril 1974) – elle donne presque l’impression de débarquer dans un état encore plus « arriéré » et avec une population rurale et très pauvre.

Avec sa farouche détermination, Janet Novás signe une composition excellente, Maria incarne une femme courageuse qui est capable de tout lâcher pour assumer sa liberté. Commençant par un accouchement dans une séquence très forte, et se terminant aussi par un autre, l’histoire laisse, in fine, une impression d’ambiguïté. Certes, Maria assume sa maternité, mais on finit par se demander au terme de son odyssée si accoucher n’est pas comme une forme de « rédemption » pour celle qui aidait les autres à avorter. Et, malgré ses vraies qualités – la description de la prostitution frontalière au nez et à la barbe des policiers espagnols ne peut qu’émouvoir -, malgré la description de cette communauté de femmes solidaires malgré les conditions difficiles, cette fin peut mettre mal à l’aise, tant la cinéaste semble laisser le spectateur in fine trancher.

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