Le roman d’un amour caché

Livre

Rédacteur en chef adjoint au Canard enchaîné, Jean-Michel Thénard raconte sous la forme d’une fiction dans L’amour était presque parfait (*), la passion qui unit Ingrid Bergman et le « plus grand photographe de guerre du monde », Robert Capa. Un récit vivant et très bien documenté.

C’est l’histoire d’une passion. C’est l’histoire d’une rencontre entre deux fortes personnalités. Dans L’amour était presque parfait, Jean-Michel Thénard revient sur l’histoire d’amour fou qui unit Ingrid Bergman et Robert Capa, le grand reporter photographe. Tout commence en juin 1945. Déjà star, Ingrid Bergman débarque à Paris et tombe aussitôt sous le charme de Robert Capa, qu’elle croise au Ritz. Le « plus grand photographe de guerre du monde » et la star d’Hollywood vont vivre deux années de passion. Et Jean-Michel Thénard de relater cet amour caché qui les fera se croiser de Paris à Berlin via New York et Los Angeles…

Romancé mais très solidement documenté, ce texte raconte la passion tumultueuse qui unit, deux années durant, la grande actrice qui menait une vie conjugale terne au côté d’un mari qui décidait pour elle et supervisait ses contrats et ses finances, et le grand reporter photographe flamboyant que fut Robert Capa (ci-contre). Une liaison que l’actrice a révélée en 1980 dans son autobiographie, écrite avec Alan Burgess, Ma vie.

Rien que leur rencontre ressemble une séquence de cinéma. Accompagné de David Seymour, alias Chim, autre figure du reportage photographique et futur fondateur (en 1947) de la célèbre agence Magnum avec Capa et Cartier-Bresson, Capa envoie à l’actrice qu’il ne connaissait pas un billet à l’hôtel Ritz disant : « Nous avions le projet de vous envoyer des fleurs en même temps que ce billet par lequel nous vous invitons à dîner ce soir-même… mais après consultation, nous nous sommes aperçus qu’il nous était impossible de payer soit des fleurs, soit le dîner, mais pas les deux. Nous avons mis la question aux voix et le dîner l’a emporté de peu. » Cavalier, le message marqua les prémices d’une folle passion. Une relation forte qui est racontée, comme un flash-back par la comédienne et Chim alors que la nouvelle de la mort de Capa, victime d’une mine en Indochine, les dévaste.

Cette histoire revit ici sous la forme d’une fiction romancée, écrite d’un style enlevé par Jean-Michel Thénard, qui utilise notamment des dialogues pour donner du rythme au récit et décrire la vie « retrouvée » dans cet après-guerre où l’on croise aussi bien les producteurs américains que Jean-Paul Sartre que Capa faillit écraser, piète conducteur sans permis qu’il était. Il y est autant question de photographies et de guerres – l’ombre de Gerda Taro, l’ancienne compagne de Capa, écrasée par un char en Espagne plane sur cette rencontre – que de cinéma et bien des figures, de Hemingway à Alfred Hitchcock surgissent au détour des chapitres courts et nerveux.

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