On saura vite si, auréolé d’une kyrielle de prix, Nomadland, le nouveau film de Chloé Zhao, sur les écrans le 9 juin, fait le plein de spectateurs la semaine où les jauges augmentent. Trois raisons d y aller.

La vision d’une autre Amérique. Ce film est d’abord un livre, signé Jessica Bruder. Elle y racontait comment des milliers d’Américains se sont retrouvés à la rue après la crise des subprimes à la fin des années 2 000. On y suit, comme dans le film, les errances d’une femme livrée à elle-même. Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain. Cette attention pour les laissés-pour-compte n’est pas neuve pour la cinéaste. En 2015, son premier long métrage, Les chansons que mes frères ont apprises, était une étude sociologique passionnante au sein de la vie d’Amérindiens dans une réserve.

Une actrice au top. On ne présente plus Frances McDormand, capable de prendre tous les risques pour incarner un personnage qu’elle défend bec et ongles. Elle a même travaillé avec la réalisatrice pour faire fabriquer la maison mobile de Fern. Elle confie : « Nous avons longuement discuté de la manière d’intégrer des éléments de ma propre vie dans celle de Fern. Cela concernait surtout des choses de mon passé, mais aussi des activités quotidiennes. J’ai suggéré l’artisanat, parce que c’est une façon de passer le temps quand on est sur la route et que cela permet de fabriquer des objets utiles dans cette vie nomade que l’on peut aussi éventuellement troquer. J’ai apporté mon sac de matériel pour fabriquer des maniques, mon métier à tisser et mon crochet – j’ai dû fabriquer quelque chose comme 75 maniques. »