LE MYSTÈRE JACQUES MAYOL

L’HOMME DAUPHIN – Sur les traces de Jacques Mayol – 1h19

Documentaire de Lefteris Charitos

Sortie : mercredi 30 mai 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

En 1988, sort le Grand Bleu, un film qui s’inspire de l’histoire de Jacques Mayol. Ce plongeur en apnée jusque-là quasi inconnu, devient soudain une star internationale. Son histoire a influencé toute une génération de jeunes gens dans leur manière d’appréhender la mer. Un voyage sur les traces de cet amoureux de la mer, pour découvrir ce que fût sa vie et quel héritage a laissé derrière lui cet homme qui fut le premier à descendre à 100 mètres de profondeur en plongée libre.

2 raisons d’aller voir ce doc ?

Un portrait fin et sans fard. Si Le Grand Bleu, de Luc Besson avait rendu célèbre sa rivalité avec un célèbre sportif italien, il avait beaucoup simplifié la personnalité de Jacques Mayol dans son scénario original. Tout l’intérêt du remarquable travail de Lefteris Charitos, c’est de raconter par le menu, et avec une foule de témoignages, qui était le vrai Jacques Mayol. Dottie Mayol, sa fille, apporte bien des informations sur ce père courant d’air qui n’avait pas vraiment la fibre familiale et pouvait même considérer que la terre se porterait mieux s’il n’y avait pas… des humains. Fou de la mer et des dauphins sans doute. Misanthrope aussi.

Un homme marqué à jamais, comme le raconte ses amis américains et japonais, par l’assassinat de sa deuxième compagne, Gerda, poignardée par un déséquilibré en janvier 1975. Et un homme qui avait trouvé un sens à sa vie en plongeant avec les dauphins. Un adepte du yoga – il était allé en Inde pour y apprendre les techniques ancestrales de respiration-  qui fut le premier plongeur en apnée à franchir la barre des 100 mètres le 23 novembre 1976. Mais un homme qui, malgré la notoriété, vécut plusieurs déprimes et qui se suicidera le 22 décembre 2001 dans sa maison sur l’Ile d’Elbe. Il avait 74 ans. Le doc se termine d’ailleurs par un témoignage émouvant de son fils, Jean-Jacques, qui évoque la passion à lui transmise par son père.

Le regard de grands apnéistes. A suivre la vie de Jacques Mayol, on mesure à quel point les apnéistes sont des gens d’une autre race.  Il faut entendre par exemple le témoignage de Meghan Heaney-Grier (ci-dessus) qui explique la relation qu’elle entretient avec la mer ou celui d’Umberto Pelizzari pour mesurer combien cette discipline est une vraie philosophie de vivre. Des apnéistes qui ont, tous, été marqués par la manière de vivre d’un Jacques Mayol. « Athlète, philosophe et aventurier, Jacques Mayol a voyagé à travers le monde. Il a réussi à convaincre de nombreux admirateurs de la nécessité de se reconnecter à la nature » souligne Leftris Charitos.

Un tour du monde des lieux magnifiques. En glissant nos pas dans les palmes d’un Jacques Mayol, le réalisateur nous convie à un voyage magnifique sur -et sous l’eau – des Bahamas à l’Île d’Elbe, en passant par l’Italie, le côte de Tateyama au Japon. Sans oublier des images d’archives tournées par des cinéastes de l’après-guerre qui ont filmé les débuts de Mayol.

Si Le Grand Bleu avait médiatisé l’homme, ce documentaire passionnant de bout en bout rend un hommage pudique et fort à cet homme dauphin qui avait, comme le note un ami japonais, une façon d’être qui aurait pu être celle d’un samouraï. Sans les armes mais au contact étroit avec la mer… Faisant le lien entre le film d’aventure de Besson et ce doc dont il fit le commentaire, Jean-Marc Barr conclue : « En vieillissant, Jacques Mayol ne pouvait plus assumer le personnage de lui-même qu’il s’était créé. Il a alors fait le choix du samouraï – ou du dauphin : il est parti seul au moment où il l’a décidé. »

Laisser un commentaire