LA GUERRE SELON ROSSELINI

DVD/BLU-RAY

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le cinéma italien vit naître le mouvement du néoréalisme italien, qui restait à l’écoute du peuple italien et de ses difficultés. Fort à propos, un coffret magnifique, et à la qualité restaurée, propose de retrouver la trilogie de guerre signée Roberto Rosselini. Incontournable !

S’il est un défricheur du néoréalisme italien, c’est bien Roberto Rosselini ! Né en 1906 à Rome, ce cinéaste fait partie de ces cinéastes qui ont, après vingt ans d’horreur et de mensonges de l’Italie sous la férule de Mussolini, décidé de revenir aux hommes, au quotidien pas facile et à une réalité montrée sans fard. Ce retour au réel leur permit  de se faire l’écho des interrogations de la société italienne et de proposer un examen de conscience sur pellicule de cette société meurtrie durant ces années noires. Revoir la trilogie de la guerre de Rosselini, c’est plonger au cœur de cette meurtrissure.

Déjà en germe en 1943, Rome, ville ouverte fut tourné deux mois juste après la libération de Rome avec peu de moyens et sur un scénario signé Sergio Amidei et Federico Fellini. Il évoque des faits réels et des personnages authentiques, dont le prêtre à la fin, et les ultimes combats de la Résistance contre les nazis. André Bazin avait vu juste quand il parlait,  à propos de ce film qui reçut le Grand Prix du festival de Cannes, d’un « reportage reconstitué« , tant la force du film repose sur cette description sans fard de cette société en décomposition. Et puis, il y a LA Magnani absolument extraordinaire en femme du peuple et héroïque tragique.

Avec Paisa, en 1946, série de six fils qui évoquent six moments de la libération italienne durant la campagne de 1943-1944 avec des moments tout à fait étonnant comme la séquence sur la promenade dans une galerie des Offices dévastée (Firenze) ou celle se passant dans les marais de la plaine du Pô (Il delta del Po). Et dans Romagnia, il y a la rencontre surréaliste entre trois aumôniers américains, représentant trois confessions différentes, et les moines d’un couvent qui n’ont qu’un but : remettre dans le droit chemin le protestant et le juif. Le constant est nettement plus sombre avec Roma qui traite de manière détournée (et subtile) de la prostitution forcée des jeunes italiennes à la Libération de Rome.

Sorti en 1947, Allemagne année zéro est une plongée d’une noirceur absolue dans un Berlin devenu un champ de ruines fumantes et où l’on suit le parcours pour survivre d’un garçon de 12 ans, Edmund Koehler. Et dont les errances au milieu des décombres et dans des abris dévastés où se terrent d’anciens nazis ne peuvent que se terminer d’une manière dramatique.

Trois films en noir et blanc aussi magnifiques formellement et admirablement restaurés qu’émouvants. De cette époque, Federico Fellini disait fort à propos :  « Après la guerre, nos sujets étaient tous préparés. C’étaient des problèmes très simples : comment survivre, la guerre, la paix. » Mais, il fallait quand même un artiste  comme Rosselini pour en tirer des œuvres taillées comme du diamant.

(*)Ed. Blaq out

 

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