FANTASTIQUE BAVA !


LA PLANÈTE DES VAMPIRES, de Mario Bava – 1h26

Avec Barry Sullivan, Norma Bengell, Angel Aranda

Sortie (en version restaurée) : mercredi 6 juillet 2016

Je vote : 4 sur 5

448909Le pitch ?

Les vaisseaux spatiaux Argos et Galliot s’approchent d’une planète inconnue dont provient un mystérieux signal. Soudain, l’Argos est pris dans une force d’attraction magnétique faisant perdre connaissance à tous les membres de l’équipage, à l’exception du commandant Mark qui parvient à effectuer les manœuvres nécessaires à l’atterrissage. Après que le vaisseau a touché le sol, Mark voit ses compagnons saisis par une rage homicide, dont ils n’ont plus aucun souvenir une fois qu’ils sont revenus à leurs esprits. L’atmosphère extérieure s’avérant respirable, les astronautes se mettent en route pour rejoindre le Galliot qui s’est posé non loin, mais en arrivant, ils constatent que tous les membres de l’équipage se sont entretués. Les deux vaisseaux étant hors d’usage, les survivants se retrouvent donc coincés sur cette étrange planète, désormais convaincus qu’il s’y tapit une force invisible vouée à les mener à leur perte…

3062942 raisons d’aller voir ce film ?

Premier film de science-fiction interdit aux mineurs de moins de 16 ans en Italie, La Planète des vampires est la seule et unique incursion de Mario Bava dans ce genre, lui qui fut un maître du cinéma d’épouvante italien. Inspiré d’une nouvelle de science-fiction, Una notte di 21 Ore, qui fascina le cinéaste, ce film, magnifiquement restauré,  permet de redécouvrir l’univers si particulier de Bava, avec un univers où l’effroi le dispute à un certain humour noir.

Son fils, Lamberto, qui débuta comme assistant sur ce tournage, raconte : « J’ai adoré participer 304887à la réalisation de tant de choses aux côtés de mon père, car il avait des conceptions très, très futuristes pour l’époque. Il faut dire la vérité : de la nouvelle dont était tiré le scénario, il n’est resté que le noyau. En effet, mon père  cherchait toujours à faire des films qui lui plaisaient personnellement, et en l’occurrence, il voulait livrer une œuvre qui soit très moderne, tout en ayant comme des souvenirs des choses ancestrales. Les combinaisons spatiales devaient ainsi être simples, sans casques ou autres éléments de ce genre. Elles étaient aussi censées faire un peu peur. C’est pourquoi, elles rappellent un peu les uniformes nazis de la Seconde Guerre mondiale. »

De même on est surpris par le côté art moderne de l’intérieur des navettes spatiales qui n’ont rien à voir avec l’intérieur sophistiquée d’une vraie fusée. Il y a un côté ultra-moderne dans les décors qui sont comme une espèce de scène de théâtre où se nouent des drames antiques, notamment l’affrontement mortel entre le père et le fils.

305825La mise en scène a du souffle. Travaillant aussi sur des maquettes, s’appuyant sur le beau travail du décorateur Giorgio Giovannini, Mario Bava est parvenu à créer une atmosphère spécifique dans ce récit où le rythme est présent tout du long. Et ce, malgré un budget réduit. Malgré un casting soumis aux impératifs commerciaux de l’époque et à la nécessité d’avoir des acteurs « bankables » pour le grand public américain, Bava parvient malgré tout à obtenir une belle unité de jeu chez ses personnages. On y découvre Noram Bengell, comédienne brésilienne figure du Cinéma Novo – on l’a vu dans des films de Ruy Guerra par exemple – dans un splendide contre-emploi.  L’autre vedette, c’est Barry Sullivan, un solide comédien de films noirs et de westerns, que l’on avait vu dans Les Ensorcelés, de Vincente Minnelli notamment.

Le génie de Bava, c’est d’avoir su imposer malgré tout sa griffe sur un tel film dont on mesure combien il a pu inspirer Alien, de Ridley Scott. A voir ou revoir d’urgence, tant le cinéaste italien a fait montre d’ingéniosité et de créativité en plongeant dans la science-fiction

Une réflexion sur “FANTASTIQUE BAVA !

  1. Je ne savais pas du tout que le film était adapté d’une nouvelle, ni pour l’inspiration nazi des costumes (merci Hugo Boss). Pour la qualité de restauration du film je suis tout à fait d’accord. J’ai eu la chance de le revoir au cinéma cet été et le travail sur les couleurs et textures était incroyable.

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