Va suivre, À vendre, portrait d’une jeune femme en rupture de classe traquée par un privé, Luigi Primo, engagé par son futur mari après qu’elle a fui quelques jours avant leur mariage… L’occasion pour la cinéaste de mettre ses pas dans ceux de France Robert en nous promenant dans bien des lieux de la France profonde à la rencontre d’une étonnante galerie de portraits et en décrivant de manière réaliste toute une forme de misère sexuelle. Sans doute le film le plus abouti du duo. Une nouvelle fois, Sandrine Kiberlain retrouvait Roschdy Zem dans un film de la réalisatrice : cette fois, il campe un banquier odieux.
Avec Love Me, en 2000, l’intérêt du film tient surtout à la composition de Johnny Hallyday en chanteur un brin « has been », et qui ne croit plus à l’amour : sa vie est soudain bouleversée par une jeune fan le harcelant. À l’époque de la sortie, la cinéaste disait : « Si vous ne comprenez pas, c’est normal, si vous êtes perdus, c’est normal, laissez-vous aller, laissez-vous emporter. C’est l’émotion qui doit vous guider. On vous emmène dans la tête du personnage. D’accord dans sa tête c’est pas toujours très simple, ni très clair. Mais est-ce que ça l’est plus dans la vôtre ? » Malgré un casting réussi, on retrouve aussi avec plaisir Jean-François Stévenin, malgré quelques moments vraiment inattendus, l’histoire est nettement moins réussie et audacieuse que la séquence d’ouverture sur la plage ne le laissait entrevoir. Sans doute, fascinée par le charisme de Johnny, la réalisatrice a eu quelques difficultés à prendre du recul avec sa célèbre image.
Une chose est sûre : ces trois films, dont certains ont, c’est vrai, pris quelques rides, témoignent d’une époque, d’un regard féminin sur la société et d’une certaine révolte face à l’état des choses. Des chroniques d’une époque en crise et où les protagonistes sont en quête de repères.
Saluant cette nouvelle sortie des trois films en version restaurée, Sandrine Kiberlain les décrit comme « les premiers pas unis de Laetitia Masson, réalisatrice et moi, actrice. Je serai infiniment heureuse qu’ils soient encore et toujours découverts et proposés à un nouveau public…et parmi eux des jeunes adultes qui ont l’âge que nous avions avec Laetitia quand nous avons tourné ces films ».
En parallèle, une rétrospective des films de Laetitia Masson est organisée jusqu’au 30 novembre prochain à la Cinémathèque française.
L’ensemble des trois films est disponible en coffret et en unitaires DVD Blu Ray chez L’Atelier d’images
