Une « famille » qui ne renonce pas

Pour le cinéaste, le récit est l’occasion de faire le portrait de deux êtres qui ne baissent jamais le front, et qui vivent en ne laissant que rarement percer leurs émotions. Par manque de temps, sans doute, par urgence, sûrement dans une existence qui n’a rien de léger.

Mamargade creuse de tombes, sans toujours être payé comme il était prévu, et travaille pour une espèce de trafiquant en tout genre qui le méprise, mais auquel il n’obéit pas vraiment, s’arrêtant pour charger des passagers sur son parcours. Pour le reste, son quotidien est régi par sa responsabilité de père, avec un enfant qui est doué pour l’école et qu’il doit mettre en pension à la ville voisine pour lui permettre de réussir quand celle du village ferme par manque d’enseignants. À leur côté, Araweelo, la sœur, travaille avec obstination pour s’en sortir et c’est elle qui va tenir la barre familiale quand son frère connaît des ennuis.

Jouant sur une certaine lenteur, sur des oppositions entre des plans larges pour décrire un pays qui se délite malgré sa beauté désertique, et les gros plans qui tentent de capter l’émotion cachée, Mo Harawe filme avec une grande pudeur les relations de ce père et son fils, un peu à la façon de Vittorio de Sica, tout comme celle, plein de non-dits entre le frère et la sœur. Il y a des moments de grâce comme celle où Araweelo construit avec son neveu la devanture de son futur.magasin

Cette chronique somalienne dure et réaliste est aussi le portrait émouvant et fort de personnages qui refusent de se résigner. Un cinéma de dignité dans un monde qui ne cesse de s’embraser.

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