Anna Recalde Miranda montre bien à travers la situation politique du Paraguay comment la dictature sanglante de Alfredo Stroessner qui dirigea le pays d’une main de fer de 1954 à 1989 a laissé – et ce fut le cas aussi au Brésil – une marque indélébile sur les sociétés et les institutions. À cet égard, le témoignage de Martin Almada, avocat paraguayen, qui fit jusqu’à sa mort de la communication au public des « Archives de la Terreur » un combat permanent, se passe de commentaires. Ou encore de celui de Pierre Abramovici, journaliste d’investigation qui n’a de cesse de documenter la dictature.
Le doc établit clairement des liens entre ces états policiers, la création d’un vaste modèle agro-industriel écocide, et l’accaparement des terres qui appartenaient souvent aux peuples indigènes. En prime, avec l’appui des lobbies internationaux, la crise écologique est bel et bien là : on le mesure quand on voit combien est proche l’usine des traitements d’eau de la capitale du Paraguay et un site de stockage en bord du fleuve du soja traité avec des engrais toxiques sans que le pouvoir ne s’en émeuve.
Si le documentaire perd un peu de son intensité dans la dernière partie, il a le mérite de remonter le temps pour montrer à quel point ce passé a marqué le présent. Et quels sont les enjeux écologiques vitaux de cette « colonisation » par le soja des multinationales.
