Filmant Athènes loin des cartes postales touristiques, dans une espèce de désert urbain, Mahdi Fleifel suit au plus près les deux copains de galère, Chatila et et son cousin Reda qui a tendance à abuser des paradis artificiels, comme pour échapper au réel. Les errances du duo, qui plus est flanqué d’un jeune syrien qu’ils veulent aider à retrouver sa tante en Italie, permettent de nourrir l’histoire de détails réalistes, sans édulcorer la réalité : la recherche fort coûteuse de passeports, la quête de passeurs et même des actions illégales comme voler un sac à main, exploiter des proches… Pour autant, le cinéaste montre sans porter de jugement. : « J’ai essayé de me mettre à leur place. Comment agirais-je si je me retrouvais dépouillé de tout : de droits humains, de citoyenneté, de papiers, d’argent, d’aide, et même de dignité ? Comment survivrais-je dans de telles conditions ? Reda et Chatila ont chacun leurs méthodes pour gérer cette situation : Reda s’en remet au travail sexuel dans le parc contre rémunération tandis que Chatila se tourne vers Tatiana. »
Si le film n’évite pas certaines répétitions, et perd un peu de son intensité dramatique dans la deuxième partie de l’histoire, avec la longue attente pour partir, Vers un pays inconnu a le mérite, un peu à la façon d’un documentaire, de montrer le quotidien de ces migrants qui errent. Symboliquement, le fait que ce soit en Grèce, berceau de la culture mondiale, n’est pas dénué de sens… Et, côté casting, les comédiens sont parfaitement dans le tempo.
