Pour nourrir cette histoire assez fine sur le plan psychologique, le choix du moto-cross et son univers machiste offre un cadre original qui donne une autre perspective au drame qui va se dérouler. Antoine Chevrollier précise : « Le moto-cross, c’est un sport très testostéroné ; aux codes souvent masculinistes, pratiqué par des hommes de classe moyenne ou des prolétaires et où se confondent la mécanique et la musique forte. C’est pour moi un univers très cinégénique. » Cela permet aussi quelques séquences fortes qui dynamisent le récit ou des plans très beaux comme l’entrainement à la tombée du jour avec un motard qui semble presque en apesanteur. Habile aussi la manière d’aborder les premiers émois amoureux à travers deux jeunes adultes qui ne sont pas du même monde : tout est suggéré, mais jamais concrétisé, comme si la lutte des classes passait aussi par les parcours amoureux.
Enfin, l’opus est servi par un casting d’un remarquable équilibre. On n’attendait pas Artus dans un tel personnage d’adulte qui se renie et Damien Bonnard joue avec la force qui lui est propre ce père autoritaire et qui conduit son fils à commettre le pire. Quant au duo des jeunes comédiens, il est parfait et la complicité entre Sayyid el Alami et Amaury Foucher, la révélation du film, ne semble pas fabriquée.
Un premier film dont la qualité mérite d’être saluée. Il a été déjà remarqué au palmarès du 37e Festival Premiers Plans à Angers où il a reçu trois récompenses : le Prix du public; le Prix d’interprétation pour Sayyid El Alami et le Prix Scania de la diversité.
