Pour reconstituer avec minutie ce chapitre noir de la vie brésilienne, Walter Salles s’est inspiré du livre d’une des filles du député, Marcelo Rubens Paiva, qui raconte comment sa mère, à la disparition de son père, s’est mise à militer pour arracher la vérité et avoir la preuve, au terme d’un long combat, que son mari avait bien été tué par les militaires au terme d’une arrestation arbitraire.
Alternant les images idylliques d’un Rio de carte postale avec ses plages de sable fin, le Corcovado, la musique, et les séquences oppressantes dans une caserne où les détenus politiques sont arrêtés et souvent torturés – elles le sont d’autant plus que le cinéaste suggère plus qu’il en montre, laissant l’imagination du spectateur faire le reste – Walter Salles signe le portrait d’une mère que rien ne semble arrêter, malgré le chagrin et la nécessité de continuer d’assurer le quotidien de ses enfants et de les réconforter sans craquer elle-même.
Il montre aussi comment la dictature militaire instaurait un climat de terreur et de soupçons permanents avec la surveillance permanent de la maison familiale, des agents qui s’installent deux jours au sein de la famille, espérant dénicher l’indice révélateur, obtenir des révélations. Le simple regard d’un de ces spadassins sur un banal disque de Caetano Veloso, figure du tropicalisme brésilien,en dit long sur les obsessions de ces exécutants des basses œuvres.
À travers le destin dramatique de cette famille ordinaire de la bourgeoisie brésilienne, Je suis toujours là est aussi le portrait très émouvant d’une femme qui refuse de se taire, y compris quand elle est arrêtée arbitrairement avec sa fille et soumis à une insupportable pression policière, proche de la torture mentale.
