La force de Niels Arestrup reposait sur sa capacité à incarner un personnage avec une grande économie de mots et de gestes. On pouvait le mesurer récemment dans le rôle du pater familias autoritaire dans Au revoir là-haut, de Albert Dupontel. « Mon principal atout est d’avoir l’art mystérieux« , disait l’artiste qui fuyait les interviews et n’était pas du genre à se répandre sur les plateaux des émissions télévisées. Père de jumeaux (un garçon et une fille) qu’il avait eus en 2012 avec Isabelle Le Nouvel, auteure, dramaturge et comédienne, l’acteur se disait « timide« , ce qui ne l’a pas empêché de marquer de son regard bleu transparent bien des compositions fortes et inattendues.

Ayant reçu un Molière du comédien (bien tardif) en 2020 pour Rouge, Niels Arestrup avait récemment marqué de sa griffe deux séries télévisées : Baron noir et Les Papillons noirs. L’homme était réputé pour sa franchise. Ainsi, en 2019, il faisait ce constat dans les colonnes du Monde : «Quand j’ai commencé dans le métier, les directeurs de théâtre choisissaient une pièce, puis ils se posaient la question de la distribution. Maintenant, c’est l’inverse: on cherche une vedette et, après seulement, la pièce qui pourrait aller avec».

Niels Arestrup avait aussi joué aux États-Unis et il avait fait une apparition dans Cheval de Troie, de Steven Spielberg, en 2011 et dans Vue sur la mer, d’Angelina Jolie, en 2015.

Sa carrière a été aussi émaillé d’incidents avec des partenaires, lui donnant l’image d’un homme pouvant être violent. Ainsi, en 1983, Isabelle Adjani a arrêté la pièce Mademoiselle Julie, à la suite d’une gifle de Niels Arestrup, celui-ci disant qu’elle l’avait giflé la première. Un indicent parmi d’autres, mais l’acteur n’avait jamais été visé par une plainte En 2007, il avait expliqué dans Libération : « Ça fait vingt-cinq ans que ça dure, depuis Mademoiselle Julie. Et depuis, j’ai tout essayé : m’expliquer, me taire, mais rien à faire, ça me colle à la peau. »

Cet acteur qui a conservé cette aura de mystère disait encore : « Globalement, je ne trouve pas que les comédiens soient des gens importants dans la société. J’aimerais mieux qu’on nous parle des scientifiques, des chercheurs. Ça m’intéresse plus que de savoir quelle plage un tel ou un tel fréquente, et avec qui. »