Une « virginité qui se cherche »

Fort bien interprétée par les deux comédiennes principales, cette errance sur la Carte du Tendre est l’occasion de peindre deux femmes radicalement différentes malgré leur attirance réciproque, de montrer aussi les failles de leurs personnalités. Si Ginia garde une espèce d’innocence, de fraicheur, partageant son modeste appartement avec son frère qui vit d’un petit job municipal, Amelia cache, derrière son apparente force, les stigmates d’un passé. Et en partant de l’idée exprimée par Pavese qui évoquait « l’histoire d’une virginité qui se défend« , Laura Luchetti a opter pour le thème d’une « virginité qui se cherche. »

Avec en arrière-plan l’univers de la haute couture dans une ville de province italienne, l’histoire est ainsi symboliquement un récit sur la représentation, le désir d’exister à travers le regard des autres, si important dans la découverte de son corps, de sa sensualité.

Se déroulant lentement, utilisant avec subtilité l’atmosphère de cette ville de province un peu endormie, mais aussi certaines scènes festives (du bal aux baignades entre amis) ou des instants plus contemplatifs dans la nature, La Belle Estate est un hommage vibrant rendu à la modernité du roman de Pavese, tout en faisant des hommes un portrait moins à charge que dans l’original, notamment avec le personnage du frère qui est le seul peut-être à comprendre et soutenir sa sœur.

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