Ainsi, Jean-Gabriel Petiot « raconte » le siège de Sarajevo au ras du bitume, les réalisateurs se retrouvant dans les lieux mêmes où ils ont parfois filmé au péril de leur vie. Et ce documentaire pose la question intéressante et centrale de l’acte de filmer quand les armes sont de règle et les combats très violents. Et comment tourner « permet » aussi à ces apprentis réalisateurs pour montrer leur incompréhension face à ce conflit, pour garder des traces aussi. Certains revoient ces images en usant d’humour comme ultime rempart pour ne pas trop céder à l’émotion. Chez d’autres, elle est palpable comme lorsque l’un d’eux évoque ce court reportage qu’il a tourné dans un carrefour et où il avait cadré en plan large et en gros plan des corps déchiquetés, un bout de cervelle : des images qu’il a décidé de détruire après visionnage et dont il se demande aujourd’hui s’il a eu raison de le faire.
Ces images filmés au cœur de l’Europe ont une singulière résonance à l’époque où le conflit en Ukraine n’en finit plus de détruire un pays. Pourtant, ce documentaire bouleversant est aussi l’occasion de témoigner de la force de la vie et de la capacité à résister malgré les horreurs dont les humains sont capables. Aujourd’hui comme hier.
